carosserie

May 11th, 2010

Ces choses viennent de s’installer dans (la cabane de) mon jardin, et en attendant de trouver comment les en dissuader, je ne peux m’empêcher d’admirer la parfaite cohérence de leur monde animal.
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(photo : jd, au péril de sa vie)

un golem musical

May 7th, 2010

Parmi nos tentatives presqu’abouties-mais-pas-tout-à-fait d’écriture de softs musicaux, il y en a une qui aurait dû s’appeler quelque chose comme “genetic ambianthizer”. L’idée de départ était le fruit direct du désir de mêler la création informatique-musicale avec les algorithmes génétiques sur lesquels je venais un peu de travailler, plus précisément, sur des algorithmes de vie artificielle.
L’idée de la vie artificielle est très simple : à partir d’une population dont les individus sont décrits par leur génotype, créer de nouvelles générations en recombinant les génotypes suivant un système de réplication + mutation, un individu ayant de meilleures chances de se reproduire selon son taux d’adéquation à son milieu (la “fitness”). L’efficacité (et la beauté) de ces algorithmes réside dans le fait de réussir à créer de la complexité et faire “émerger” de la nouveauté à partir de ces règles ultra-simples. Hasard et nécéssité, c’est la vie.

“genetic ambianthizer” au départ s’appellait “genrythm” car nous voulions travailler avec des patterns rythmiques. Résultat assez sympa, dépendant surtout de la qualité musicale des fonctions de fitness que nous essayions de définir (tout l’intérêt et la difficulté de la chose), mais ça groovait pas mal, surtout avec des sons de tablâs — l’hypnôse auditive semble toujours très accessible quand on déverse des tablâs en continu.
Ensuite, à la place de sons type boîte à rythme, j’ai voulu injecter des samples “environnementaux”. À tout hasard ce que j’avais sous la main dans notre robinsonnerie cotentine, bruits de ports, de mer, de pas, etc. En dépit de la qualité déplorable de mes acquisitions sonores (pas de sous, pas de matos même minimal, tout très compliqué) et de leur évantail très réduit, je me souviens de quelque chose de plutôt intéressant… et décourageant. Un vrai golem musical… à quoi bon alors …. à quoi bon créer/écouter de la musique quand on entend cela (et qu’on trouve ça bien) ?
De toutes façons, je code(ais) comme une gougnafière, (contrairement à monsieur qui fait du bon code tout dur), tout ça reste atrocement buggué, et n’a pas une chance de compiler, sauf à s’y remettre sérieusement.
Mais en ce moment, alors que je me concentre (vois/écoute) plus précisément sur les musiques expérimentales, je me dis que mon golem était quand même pas mal, et surtout maintenant que je ressens, en plus, le besoin, la nécéssité du geste. C’est là sans doute que le désir renaît.

(obscur : performativité est un mot qui me poursuit depuis plusieurs mois, depuis la performativité du genre – un jour j’arriverai à lire Judith Butler pour de vrai — , à celle de la maternité — idées glanées au cours de l’édition exténuante mais passionnante de ce livre qui part lundi à l’imprimeur ! fingers crossed — , et enfin plein d’une évidente ampleur pour ce qui est du champ musical)

Bon alors, et après ? Ben après ça va finir par être maintenant.

Wallace, Bolzano, Weierstrass et le paradoxe de Zénon

May 4th, 2010

J’ai la chance d’aider - pour ce qui est de la terminologie et usages mathématiques français - le traducteur de “Everything & more, a compact history of ∞” de David Foster Wallace. Ça me permet la primeur d’un texte vraiment drôle et érudit qui donne des lettres de noblesse rock’n'roll et sexy à l’histoire du concept d’infini en mathématiques. C’est plein de passion et tout-à-fait accessible aux non-matheux, les parties techniques sont soigneusement balisées d’un “Si vous êtes intéressé”. Ceci étant, il arrive parfois que le soucis de vulgarisation desserve, à mon sens, la clarté du propos. C’est l’un de ces points que je voudrais reprendre ici, sans vouloir effrayer quiconque, quelque chose de très très résumé, juste pour mon bien-être spirituel.
Zénon d’Élée (Ve siècle av. J.-C) est un antique trouble-fête grec qui osa aborder de front la question de l’infini tandis que ses contemporains (et leurs descendants) avaient remisé l’idée au rayon néfaste pour la santé mentale.
Parmi les paradoxes de Zénon, prenons celui de la dichotomie : une pierre lancée sur un arbre doit parcourir, avant d’atteindre sa cible, la moitié du chemin qui les sépare, puis encore la moitié de la distance restante, puis la moitié de ce qui reste, etc. Elle doit donc occuper une infinité de positions avant d’atteindre l’arbre, chaque étape se faisant en un temps non nul. Puisqu’on peut toujours diviser le parcours restant en deux moitiés dont la première prend toujours un peu de temps à parcourir, avant de reconsidérer le problème et de recommencer le raisonnement précedent, la pierre ne peut jamais arriver jusqu’à l’arbre. On voit à merveille ici l’intrication de l’infini et du continu, je me souviens encore du délicieux frisson ressenti lorsqu’on m’a enseigné cela : la continuité offrait un espace à toutes les galipettes imaginables.
Entre lui et Cantor (le héraut de l’infini), 23 siècles d’histoire mathématique qui évitent plus ou moins d’aborder le concept, permettant malgré tout, de creuser, petit à petit, une voie à l’intuition. 2300 ans en quète de rigueur aussi, et c’est Bolzano puis Weierstrass, qui, dans l’élan mathématique de leur époque (le 19ème donc), ont donné des définitions sans biais des limites et de la continuité. Wallace utilise la continuité d’une manière pas forcément évidente pour aborder le paradoxe de Zénon, je trouve plus simple de rephraser cela en terme de limite d’une suite infinie, avec la définition rigoureuse (ce qu’il -DFW- n’a pas fait apparemment pour se démarquer des démonstrations approximatives) . La définition “ε, δ” qui est alors “ε, N” de la limite d’une suite infinie c’est la suivante : une suite un tend vers une limite l quand n tend vers l’infini, si pour tout écart de tolérance ε, il existe un rang fini N à partir duquel, pour tout n>N, un est proche de l à ε près.

Reprenons notre pierre et lançons-la contre un arbre. L’expérience nous montre qu’elle met un certain temps pour réaliser son trajet que pour simplifier nous prendrons égal à 1 et confrontons ceci au raisonnement de Zénon. Nous supposons alors qu’elle parcourt la moitié de la distance à l’arbre en un temps égal à 1/2 , le quart suivant en 1/4 puis le huitième ensuite en 1/8 etc. au bout de n itérations, il lui faut 1/2n supplémentaire pour effectuer son petit bout de chemin, son trajet a alors duré (1/2 + 1/4 + 1/8 ….+ 1/2n) sachant que la distance restant jusqu’à l’arbre correspond à un trajet de 1/2n exactement.
Pour prouver qu’on va bien parvenir à la cible malgré la dichotomie, il faut montrer qu’au final l’addition indéfinie de tous ces petits temps tend vers la valeur de 1. On considère la suite des sommes partielles Sn = 1/2 + 1/4 + 1/8 +…+ 1/2n (donc Sn+1 = Sn + 1/2n+1 ) et on veut montrer que lorsque n tend vers l’infini, la valeur de Sn tend vers 1. Telle qu’on a construit la suite Sn, on voit bien que Sn + 1/2n = 1 puisqu’on lui rajoute justement la dernière moitié que l’on s’apprêterait à couper en deux à l’itération suivante. Donc montrer que Sn tend vers 1 est équivalent à montrer que (1-1/2n) tend vers 1 aussi, soit simplement que 1/2n tend vers 0. Ce qui est immédiat avec un tout petit peu d’arithmétique : si l’on veut 1/2n < ε, ε étant voué à devenir aussi petit que nécéssaire, on a : 1/ε < 2n, on passe aux logarithmes on obtient une condition sur n : n > ln(1/ε) / ln(2). Par exemple avec ε = 0.0001, on a n > 13, c’est à dire que pour n > N = 13, Sn est proche au dix-millième de 1. On aura beau rajouter une infinité de petits termes 1/214 + 1/215 + … etc., tout ce que l’on fera c’est de se rapprocher encore et encore de 1 ; les sommes partielles en constituant une approximation que l’on peut toujours ajuster (via N) de manière arbitrairement précise (ε), la somme totale (série) — donc pour l’indice n décrivant l’ensemble (infini) des entiers naturels — valant 1 exactement.
C’est beau, non ?
Bon si vous n’avez rien suivi, pas de panique, il faut quand même à Wallace presque 200 pages pour arriver là.

une structure d’energie pour la conscience supérieure

April 24th, 2010

(ce tître fait décidémment très New Age. Conscience supérieure s’entend par opposition à conscience primaire qui regroupe inconscient et pré-conscient, et serait alors l’apanage de l’Homme)
Une revue très intéressante par Jean-Paul Baquiast sur Philosciences / Automates Intelligents, à propos des notions de conscience et de libre-arbitre en neurosciences. Notamment, cette hypothèse dont je n’avais pas entendu parler (elle date de 2002, j’ignore son statut actuel) que la conscience supérieure émanerait d’un champ électromagnétique ; à l’origine, une hypothèse de Roger Penrose : un champ quantique unificateur des informations neuronales.

J’extrais de l’article, mais il constitue un panorama très intéressant et complet du sujet et vaut la peine d’être lu, cette hypothèse n’étant citée qu’à titre de curiosité.

JohnJoe Mac Fadden avait proposé une hypothèse originale de liaison entre neurones impliquées dans les faits de conscience globaux. Cette hypothèse, à notre connaissance, n’a pas eu de suites. Il est vrai que le concept de champ permet de tout dire et son contraire.
un extrait de Le Je n’est pas un robot un entretien réalisé en 2002.

Nous citons:

« Aujourd’hui les électro-encéphalogrammes et magnéto-encéphalogrammes permettent de voir beaucoup plus de choses, et sont couramment utilisés pour mesurer et cartographier le champ électromagnétique (em) du cerveau.

Chaque fois qu’un neurone décharge, l’activité électrique associée envoie un signal au champ em. Ainsi toute l’information produite par les neurones est liée (bound) dans un système physiquement unifié, le champ em. Cette structure est faite d’énergie plutôt que de matière (la matière des neurones), mais elle est tout aussi réelle et détient précisément la même information - sous forme intégrée et unifiée.

Mais le champ em du cerveau n’est pas seulement un puits à informations. Il peut influencer nos actions, en provoquant l’activité de certains neurones, et en inhibant celle d’autres neurones. Dans l’ensemble, sa force est faible. Mais dans un cerveau en activité, les émissions d’influx laissent de nombreux neurones en état d’indécision ou équilibre instable. Ils peuvent être sensibles à de faibles variations du champ. Ceci doit être plus particulièrement le cas quand nous nous trouvons dans des situations incertaines ou ambiguës, face auxquelles les solutions pré-programmées ou réflexes ne sont plus adéquates. Alors le champ em prend le contrôle - ce qui correspond à ce que nous appelons l’apparition du libre-arbitre.

Cette théorie explique pourquoi nous ressentons différemment les actions conscientes et les actions inconscientes. Les activités câblées “en dur” dans le cerveau n’ont accès qu’au nombre limité d’informations détenues dans chaque neurone individuel impliqué. Par contre nos actions conscientes sont connectées, via le champ em, à l’ensemble du contenu informationnel du cerveau.

I was ridin’

April 23rd, 2010

La route 395 qui longe la chaîne de la Sierra Nevada par l’Est, est un peu comme un long rien Californien, pas glamour pour un sous (j’avais commencé par écrire “un long trou du cul”), mais un de ces grands riens de là-bas qui me feraient me sentir à l’étroit par ici.
La route américaine permet de tout oublier, elle est absolument hypnotique. Paysages traversés, paysages indemnes, quelques poches d’habitats empruntées sur le sauvage, humbles. Tout oublié ou plutôt remis à sa petite place.
Nous avons suivi la 395 depuis la Vallée de la Mort jusqu’à l’entrée Est du parc national de Yosemite, ce qui déjà constitue en soi un gradient thermique tout-à-fait choquant. En chemin, un des meilleurs breakfast de ma vie, pancakes et baies fraiches de la montagne, pendant que le linge tourne dans une laverie automatique attenante au restaurant. Un autre client de la laverie : un authentique “into the wild”, crade avec ses lunettes cassées et son backpack qu’il vient recharger toutes les quelques semaines/mois, pour repartir, là-haut dans la montagne, avec des bouquins.
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Amis du banjo, bonsoir. Mercredi, je suis allée voir Elwood & Guthrie ainsi que Eugene Chadbourne, au Mondo Bizarro pour changer (organisation interzones).
Amérique, plus ou moins profonde. Je ne sais pas si ça continue de me faire rêver pour les souvenirs comme celui au-dessus ou par l’impérialisme culturel qui m’a biberonnée à “Sheriff fais-moi peur”.
Will Guthrie, c’est aussi le batteur de The Ames Room dont l’énergie du concert — qui m’avait tant émerveillée – m’a portée un bon moment après ; je reste fascinée par son catalogue de gestes et d’intensités. Elwood était aussi parfait, dans le genre poor lonesome, chant lèvres serrées et banjo qui s’envole. Les deux ensemble pour une “appalachian trance folk music” vraiment épatante.
À part ça, Eugene Chadbourne, c’est vachement bien, mais je crois qu’un concert tous les douze ou treize ans me convient à peu près, c’est pas non plus complètement mon truc.

(p.s.: aimés lecteurs, si vous connaissez une blague interminable qui commence par “I was riding in the Sierra Nevada” (dit avec ce qu’on imagine être un fort accent mexicain), et se termine par “and you ask me if I know Poncho Villa? We had lunch together! “, merci de me prevenir, je me suis toujours demandé si c’était une vraie blague).

Ça me gratouille, ça me chatouille, ça me donn’ des idées

April 15th, 2010

Y a putaing 10 ans de ça, nous avions un beau site sur lequel nous nous étions engagés à tout d’abord 3 puis par la suite un peu plus, à poster tous les 15 jours une minute trente de musique homemade, sous GNU General Public License ; la licence art-libre et autres creative commons n’en étaient alors qu’à leurs balbutiements. Ça s’appelait 1′30, ça a duré quelques mois, un an ou plus peut-être ? puis ça a disparu dans les limbes. Les seuls artéfacts encore audibles publiquement sont les morceaux de Gyom hébergés dans un certain Terrier dont je découvre d’ailleurs avec surprise et délices qu’il possède beaucoup d’ouvertures rennaises.
Nous avions de futures vedettes ! qui devinrent ou étaient déjà d’éminents membres de Tsé, Servovalve, Colder, Mainstream Ensemble, Scratoa… (J’en oublie certainement, et quant-à Bertrozen, GAM et Cric ? je serais vraiment contente d’avoir de vos nouvelles si vous tombez par ici !)
Mais depuis, pour nous, comme un grand tunnel, fait à la fois de pharaoniques projets de softs musicaux jamais finalisés et de contingences quotidiennes plus ou moins directement liées à l’élevage de petits barbares.
Et après une autre soirée bruyante et basculante, ça démange de plus en plus de s’y remettre.

Dans 1′30, nous avions aussi une très private joke : Eoyore. À cette époque, quoi que que ce fût de pseudo culturel avait tout intérêt à être japonais. Nous (homme & moi), avions alors décidé de créer un alibi japonais à 1′30. Nous lui avions dégotté un nom issu de notre grand engouement littéraire du moment (et tout à fait éternel soit dit en passant) : Kenzaburō Ōe dont le fils handicapé et musicien était surnommé Eoyore ; nous n’avions pas saisi qu’il s’agissait (d’une transcription japonaise) du nom original de Bourriquet dans Winnie L’Ourson ! Eoyore produisait des haikus musicaux : nous avions divisé la minute trente en trois sections correspondant en durée aux 5/7/5 du haiku poème, l’un de nous préparant les samples qui servaient de base à l’autre pour composer une partie. Nous faisions tout avec la superbe groovit et à l’aide de casques piqués dans des avions qui servaient aussi de micro à l’occasion. À réecouter aujourd’hui ces morceaux, je suis soulagée de les trouver encore globalement à mon goût ! En attendant de mettre en ligne une archive 1′30 un de ces jours, voici les haikus d’Eoyore (en mp3) : haiku1, haiku2, haiku3, haiku7×7.

(ma) “carte heuristique” Balanescu Quartet

April 8th, 2010

. Peter Greenaway –> Michael Nyman –> Balanescu Quartet –> Balanescu Q. plays Kraftwerk –> K –> E. Musik

. B.Q. + Rabih Abou-Khalil –> R.A.K. + x …

. Gavin Bryars –> B.Q. plays G.B.

pâte à gâteau universelle

April 8th, 2010

légère adaptation d’une recette de Sucrissime apprise via le Café Clochette, et avant de perdre mon petit papier, ma version de la pate à gateau universelle :
4 oeufs + 180 g de sucre + farines version sans gluten : [ dans le mm verredoseur : 100 g de farine de riz + 50 g de farine de sarasin + jusqu’à la graduation 200 de poudre d’amande (ou de coco ou autre selon disponibilité) ] + 1 c.à.c. de bicarbonate + 13 cl d’huile pas trop forte en goût + un paquet de bonnes petites choses [ plébiscité : plein de petits raisins + 2 pommes + cannelle ]

Tremolo

April 6th, 2010

tremolo1_225.jpgTremolo est une jolie expo de Li Wenhui, basée sur le materiau sonore, au Bon Accueil, Rennes.

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Et comme il n’est jamais trop tôt, en rayé sur la photo, mes petits barbares écoutent le résultat d’un *workshop* “son et vibration” mené avec l’artiste, qui leur a beaucoup plu.
 

bruit

April 1st, 2010

Bascule pour Le Dépeupleur (= Zbigniew Karkowski et Kasper T. Toeplitz, concert organisé par Larsen Commercial, qui a un sacré blogroll à défaut d’alimenter son propre fil, une playlist des dj sets peut-être ? — je regrette d’être partie trop vite) .
Je n’en ai pas pensé grand’chose à part que je suis un peu restée sur ma faim et que j’aime toujours le bruit*. J’aime le bruit avec une naïveté puérile parce que la saturation sensorielle permet d’accéder à d’autres degrés de perception. Aux musiciens d’habilement peupler ce bruit, agencer les intensités et en faire un nouveau monde (ce à quoi parvient plutôt bien le Dépleupleur justement), à moi de l’explorer ou d’en profiter pour agrandir le mien.
sensorband2.pngsensorband3.pngBiscuits de la période PezNer (voir ce post-là) : quelques lomos forcément floues de Sensorband auquel participait Karkowski et sur mon petit pli de la vague de l’époque, une interview de Tetsuo Furudate himself, le roi des flapping pants.
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* je me sens tout de même à la relecture, obligée de préciser qu’en général, dans la vie quotidienne, je supporte ça très mal, le bruit, et que c’est peut-être la première raison de mon enchantement néo-rural-de-quasi-6-ans.

de Hébron, je me souviens de deux choses

March 29th, 2010

Un beau jour de 1999 ou 2000, nous avons décidé de faire un tour à Hébron. Pour le fun. Pour le tombeau des patriarches, pour voir comment c’est par là-bas et dire j’y étais.
L’ami M. a encore une plaque d’immatriculation consulaire, ce qui nous ouvre les barrages militaires et les sourires sur place. Arrivés aux abords de la vieille ville, la voiture est vite entourée, propositions de guide, etc. On nous fait signe de nous garer. Nous hésitons. Un homme insiste particulièrement, comme si nous étions en train de décliner une affaire rare : ” Come on, you can bark here, you can bark here ! ”
Dans ma tête, incrédule, immédiatement je ne vois qu’une chose trop grande pour être balayée au prétexte d’inanité : la politesse exotique de l’hôte qui, en signe de bienvenue, cherche à pourvoir aux besoins immédiats de l’invité. Oindre les pieds du voyageur il y a quelques siècles, indiquer la place publique où aboyer sa colère en l’an 2000.
J’ignorais que le son “p” n’existait pas en arabe palestinien. Falestine, je m’imaginais essayer de crier ma petite colère occidentale du mieux que j’aurais pu, par politesse surréaliste.

La seconde chose ? ha oui, dans le shouk, une tête de chameau qui pend à un crochet, son long cou prêt vraisemblablement à être débité en tranches.

http://www.mediapart.fr/club/blog/jamesinparis/230310/amours-occupees
http://www.mediapart.fr/club/blog/naruna-kaplan-de-macedo/260310/minutes-hebron

großbaß

March 26th, 2010

Herr Doktor Hans-D tourna le potentiomètre vers les 41 Herz. L’atténuateur n’y fit rien et Ursula hurla de plaisir.
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(en réponse à ça)

your life is like a Tony Conrad concert

March 22nd, 2010

(attention, je vais oser t’apostropher, hypothétique lecteur, mais comme je méprise du fond de mes entrailles les sites qui me supposent oiselle pré-adolescente et me tutoient, je vais pratiquer par la suite une distance polie et de bon aloi, surtout pour le cas, admettons-le, malgré tout relativement improbable où tu serais vraiment en train de lire ce post et où je ne te connaitrais pas, même de loin)

Bon, dans le cas plus que problable où je vous connais un peu et que vous avez l’insigne honneur d’être un cher et tendre mien ami sur fesses-de-bouc comme dit mon ostrogoth, vous ne serez certainement pas passé à coté de cette émouvante nouvelle : j’ai rebranché samedi ma platine vinyl et je m’en félicite. Pauvre parente de ma chaîne haute fidélité (Denon millésime 93, petits bijoux d’enceintes JM lab 93 aussi, 4 mois d’ennui ferme au département Hardware Mainframe chez un constructeur informatique nippo-britton à Reading UK pour m’offrir ça), toujours la dernière à suivre (ou à ne pas suivre d’ailleurs) dans les déménagements et être enfin réinstallée après des mois de tractations pour lui dégager un cube suffisament spacieux.
Et j’ai retrouvé ce disque complètement mythique : Tony Conrad with Faust, Outside the dream syndicate, 1973 Caroline Records. Sauf que je n’ai aucun souvenir de l’avoir acheté ou même écouté. Si j’en crois l’étiquette, je l’ai payé 10F00 (oui prequ’exactement 1,50 euros ami lecteur), en 1996, au Boulinier su’l'Boul’Mich, ce qui me semble totalement concordant avec quelque chose que j’aurais pu faire pour de vrai, surtout qu’à l’époque, je devais justement être dans une période sans (platine vinyl), n’ayant plus guère l’occasion d’arpenter le boul’Mich que lors de salvatrices remontées en TGV — j’avais quelques difficultés à m’acclimater à la vie lyonnaise — et reléguant l’idée d’écouter ce disque au même niveau qu’une tetrafoultitude d’autres trucs primordiaux mais pratiquement inaccessibles (à mon temps libre, à ma volonté, à mon porte-feuille, à ma capacité de concentration etc.).
Donc je l’ai acheté et je l’ai oublié. Et hormis le fait qu’il est décidement vraiment très bon, qu’il participe à une coïncidence toute fraîche (Tony Conrad a réalisé la bande sonore de Flaming Creatures de Jack Smith, que j’ai eu la chance de voir projeté sur grand écran ce week-end au musée de la danse/le garage, si le coeur vous en dit, il est aussi possible de visionner Flaming Creatures sur Ubu web, “The film features an array of transvestites, hermaphrodites, drag shows, a sexually ambiguous vampire, a drug orgy and a well-built cunnilingual rapist. Sexual ambiguity is a prominent visual theme, which is particularly shown by overlapping images of flaccid penises and breasts.” — ça c’était pour les mots-clefs ), ce disque, donc, me permet, à moi aussi, de me faire une sleeveface.
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(le titre de ce post est celui d’une chanson de Rubin Steiner)
(demain promis, j’arrête les docs martens, ça va finir par devenir pathétique)
(explosion de jonquilles, c’est le printemps)

époustouflant

March 18th, 2010

J’ai rebasculé hier soir pour un époustouflant concert de The Ames Room : Jean-Luc Guionnet saxophone, Clayton Thomas contrebasse, et Will Guthrie batterie.
MAXIMAL MINIMALIST TERROR JAZZ!

Je ne suis pas prête de m’en remettre.
On peut écouter ce concert sur le site de Larsen Commercial.

deux temps (de la musique expérimentale, du soi)

March 15th, 2010

Partir de l’hypothèse qu’il n’y a pas plus d’intérêt à jouer, de la guitare, du violoncelle, du saxophone, du …, que d’avoir à portée de main, un objet nommé guitare, violoncelle ou saxophone ou …, que l’on peut grattouiller, faire couiner, tapoter, grincer, lustrer etc., éventuellement faire sonner de manière attendue. Petits bruits qui égrenent le temps de l’expérimentation.
Partir de l’hypothèse qu’une guitare n’est plus une guitare, mais un organe supplémentaire à intégrer, effacer. Corps sans organes. Musique sans instrument. Un instant et la guitare avec spatule de maçon, caillou et homme est le plus bel instrument du monde, le plus cohérent. La machine s’engrene, avec ou sans accidents, un corps sonore est constitué.
Égrenage, engrenage, comme deux temps qui peuvent se mélanger ou encore se superposer, et étendre les territoires du réel.
(vus hier soir à la Bascule : Neil Davidson -guitare-, Soizic Lebrat -violoncelle- et Nusch Werchowska -synthétiseur-, concerts d’improvisation programmés par Zéro Stock)
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Vue ce matin, une distrayante ted talk “The riddle of experience vs. memory” de Daniel Kahneman prix nobel d’économie, pour je suppose avoir fondé l’économie comportementale, dont j’apprends qu’il s’agit d’étudier, notamment sous les angles psychologique et cognitif, les comportements humains dans les situations économiques. En partant du prétexte d’expliciter la notion de bonheur (je suis prise d’effroi à imaginer que c’est là un objectif à maximiser dans un contexte économique), Kahneman établit deux types de soi (self): celui qui vit l’expérience de l’instant, et celui qui l’a mémorisée ( quitte à effectuer une première distanciation, j’aurais intuitivement penché pour une seconde, en parlant de celui qui a accès au souvenir et qui se situe donc encore dans un présent). Son propos, illustré par des exemples qui me paraissent à la fois extrèmement naïfs et occidentalo-centrés (vulgarisation simplificatrice ?), revient à dire que le souvenir d’une expérience n’a pas de rapport linéaire avec le vêcu “sur le vif” de celle-ci, et qu’en fin de compte c’est ce qui reste en mémoire, le souvenir, qui participe à la satisfaction éprouvée et par suite, aux prises de décision. “experiencing self, memorizing self” le second est toujours prédominant. Pourquoi ? En suivant les termes de Lionel Naccache (voir ici et ), c’est celui qui, dans le système fictions-interprétations-croyances permet l’élaboration de la conscience de soi.
Revendiquer le désir d’engrammer ces deux temps de l’être.