Archive for March, 2009

des rythmes et des couleurs (ou pas)

Monday, March 30th, 2009

J’ai récemment appris, qu’il était possible que je sois un peu synesthète, la synesthésie étant “un phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés”. En l’occurence pour moi, nombres->couleurs principalement, et sons->couleurs. C’est en ce qui me concerne une sensation relativement faible, mais je n’imagine pas un monde qui n’étincellerait pas ainsi dans ma tête.
Ca m’a fait penser, mais en inversé, à certaines photos que j’aime prendre depuis longtemps. Comme l’amusette sur le billet précedent, qui en plus de paver mon insertion dans le monde merveilleux de l’ajax pas ammoniaqué, a fait partie de ma course avec la fin de l’hiver: avoir le temps de prendre en photo ces arbres nus, avec leurs boules de gui accrochées, comme des notes sur un rythme à décoder.
Il y a 10-12 ans, nous étions de grands marcheurs urbains, à toutes heures du jour et de la nuit. J’étais fascinée de ces densités de population, naked city, de toutes ces vies concentrées dans des cases, et enfin des rythmes visuels qui les organisaient. Une série de photo sur Villeurbanne et Lyon la duchère, prétentieusement titrée densité de population, donc, tirée pour partie des nuits durant au labo de la fac. Ce petit grain délicat.. et pour les autres images de la série, il faudra vraiment que j’acquière ce scan de négatifs, et je pense que 5 minutes manipulations numériques compenseront des nuits d’ajustement de filtres en lumière rouge. Petit pincement au coeur de tout cet investissement, au final, physique, qui je pense ne m’a pas été inutile malgré tout, partie de ma formation. J’écris physique, pas forcément par opposition à numérique, physique dans le sens d’une expérience qui s’inscrit dans le corps, dans la durée. Ressortir du labo photo, ivre de fatigue au petit matin, après s’être concentré toutes ces heures, avec des gestes répétitifs mais qui nécéssitent quand même précision et attention.


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Ca me rappelle des copains qui me racontaient avoir appris la programmation informatique avec des cartes perforées, et le droit à une compilation par jour. Chaque ligne de code etait vraiment pesée et refléchie dans ces conditions. Tout à fait à l’opposé de ces méthodes de sagoins, qui pissent du code, par élimination plus que par déduction… mais j’avoue aussi fonctionner comme cela.
C’est toujours une question intéressante je crois. Quelle différence, entre nous qui vivons ces transitions, le passage à la virtualisation d’expériences physiques, tirer à la main des photos, passer un disque, faire des recherches bibliographiques in situ, etc.. et ceux qui n’en connaissent que les équivalents numériques? J’ai eu la chance d’assister à une présentation par Douglas Adams, quelques mois avant sa mort. C’était dans le cadre un peu délirant d’une grand messe des technologies mobiles à Cannes. Il disait que la génération qui voyait l’apparition d’une technologie avait peur de la déshumanisation, la génération suivante vivait la transition avec plus ou moins de facilité, quand à celle qui ne connaissait que cela, le vivait comme un acquis totalement naturel.
Pour moi se posent en plus les question du corps, et du temps. J’ai le souvenir de pouvoir facilement me laisser emporter (i.e. quand je n’avais pas d’enfants pour m’ancrer dans le présent), mais j’ai maintenant du mal à concentrer mon corps dans ma tête, et réelement je suis bien plus “efficace” depuis que je peux travailler debout. Et que signifie la disparition de la latence qu’induit la durée de construction/réalisation d’une expérience, si elle n’est remplacée que par une succession irréfléchie d’essais et erreurs?
quelqun.jpg(et je le dis comme une blague, cela signifie de nouveaux critères de sélection, en attendant que les machines ne prennent en charge la plupart de nos fonctions de déduction of course). Mais c’est peut-être dans ce sens, en tant que génération transitionnelle, que nous devons éduquer nos enfants par rapports à ces technologies. Faire que le temps gagné, soit vraiment gagné sur la mort, serve à produire de l’être, de la connaissance, étendre/répandre son humain intérieur.

double contrainte

Tuesday, March 24th, 2009

Ce blog: Depuis Tel Aviv m’évoque si clairement ma double contrainte israélienne. Tel Aviv me manque autant qu’il me serait difficile d’y vivre. Un bouillonnement d’énergies et aussi une certaine liberté d’expression que je n’ai pas encore retrouvés, mêlés à des paradoxes moraux insolubles (pour moi, pour l’instant).
En attendant une amusette bien locale rurale

 

mèmes dans les orties -3

Sunday, March 15th, 2009

(10 jours de silence blogguesque, je suis contrite)
Suite du résumé de Quelle sorte d’humanité après l’individu, suite de l’intervention de JM Besnier. De son point de vue de philosophe, la mémétique n’est finalement qu’un découpage scientiste du monde pour créer un système explicatif visant à le rendre totalement déterministe, quand bien même il s’agit de chaos déterministe. Il lance le terme de “désanchantement mémétique”. Il termine en parlant des utopies transhumanistes.
(note de moi, pourquoi parler de désenchantement? au contraire ça me donne envie de danser .. l’ultra déterministe me donne des ailes en me libérant de poids culturels conscients/inconscients)
Vient ensuite l’intervention de JP Baquiast. La mémétique en tant que mise en relation par le langage des individus, après que ceux-ci aient été déjà dépossédés de leur autonomie de pensée par le concept de superstructure (par exemple vision marxiste). Réaffirme l’importance pour lui de la notion de substrat neurologique du mème (bien que n’en ayant pas de définition). Reprend l’idée de réplicants technologiques, les tèmes de Susan Blackmore, mais en précisant que selon lui, les 3 sortes de réplicants: gènes, mèmes, tèmes, se répliquent de manière horizontale et verticale. Et comme il est égal à lui-même, il lui est très difficile de ne pas embrayer sur le lobby militaro industriel (le LMI, soit les Etats-Unis, themselves), comme superstructure technologique, anthropologique (les idéaux défendus), phénotopique (des individus qui le composent), et génomique (sur la transmission générationnelle).
Intervention d’Hervé Juvin, économiste, consultant en knowledge management. Lui, parle la révolution anthropologique qui a lieu en ce moment (il a écrit un livre sur le sujet), les corps modernes changent irrémédiablement (par exemple, trivialement dans le rapport au travail de la terre justement), et le rapport au réel y est corrélé. (note de moi: en néorurale cybernétique, ça me donne justement le sentiment de démultiplier les réalités, ou au moins les couches de réalités). Il continue dans une voie bien intéressante, (zut encore un livre à lire!), à noter que l’individuation (il y a du moi partout) forcenée actuelle mène à restreindre l’éventail des choix individuels, à un formatage. Donne en exemple le “droit à la santé” qui pour être globalisé doit aller de pair avec une croissance des interdictions. J’ai bien évidemment constaté mille fois ces paradoxes dans le domaine de la périnatalité. Anecdotes savoureuses sur Ray Kurweil, et son penchant transhumaniste. Il termine sur la technologie au coeur de l’intelligence collective, externalisation des savoirs humains vers les machines.
Parmis les questions finales: l’idée que toute technologie est désormais réplicante, et pour JM Besnier la répétition c’est justement la fin de l’histoire, la mort de l’individu. Ce à quoi Baquiast répond que la répétition darwinienne, munie de mutation est au contraire un monde de réplication, variation, sélection, dont il est à craindre que le changement accéléré ne devienne trop rapide pour l’homme.
.. quelques notes ensuite sur la non-finalité de quoi que ce soit… zat’s about it folks.

mes parents sont des geeks

Wednesday, March 4th, 2009

non pas mes parents, ceux de mes enfants…
J’offre un bon café bien serré et la chance de m’aider pour le carrelage de la salle de bain à ceux qui trouveront ce que ça peut bien être que ça: (not random!)
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et dans un genre plus trivial:
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faut pas pousser les mèmes dans le orties - 2

Monday, March 2nd, 2009

M^2 explose là je crois. On le vidéoïse dans 20minutes.. et ça blogguise à fond etc.. mais surtout sur le coté *vulgaire* du mème.. c’est sans doute une des stratégies d’expansion qui demande le moins d’énergie.
D’ailleurs, pour satisfaire mon lectorat féminin, une petite photo de Christian Bale as Patrick Bateman, puisqu’il parait que Christian Bale est un de ces mèmes du net.
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.. alors que je viens de terminer le livre de Pascal Jouxtel, qu’il y défend, en fin, comme une posture ultime, meta-mémétique, une sorte d’éveil zen…

sinon comme promis, Quelle sorte d’humanité après l’individu ? (et si j’en crois cet article, c’est pour bientôt)
Tout d’abord JM Besnier, prof de Philo à la sorbonne. Parle du livre de Philippe Descola, Par delà nature et culture, celui là, il est dans le tuyau depuis 2 ans, je l’ai bien commencé, mais ai, à l’époque, perdu la concentration nécéssaire, je dois absolument le reprendre, je suis persuadée qu’il apporte un éclairage très novateur. µtime a d’ailleurs fait un post sur Descola récemment. Besnier revient sur le flou de la notion de conscience (que j’ai toujours visée, in fine), et donc de la notion d’humanité. En rajoute une couche sur les “spiritualités orientales assez couramment sollicitées dans le monde des TICS”. en effet; j’ai le sentiment qu’il y a une grande convergence très hétéroclite (techno, philo, reallife developpement personnel) vers les “3 vertues cardinales du bouddhisme: l’impermanence, l’interconnexion, la vacuité“, vers la disparition de la notion d’individu.
Parallèlement, subir la défaillance de la machine humaine en comparaison de la machine artificielle implique la tentation de supprimer de qui justement individue: étapes physiques de la vie. (haha, messieurs encostumés, à qui le dîtes vous, il suffit de s’être interrogé sur les modalités personnelles et sociétales de la fabrication d’un bébé dans son corps et de la mise au monde dudit pour s’en rendre compte)
p6 sur 18- suite au prochain épisode.