Archive for May, 2010

J’applique des filtres putassiers sur des photos de provinciale en virée parisienne.

Monday, May 31st, 2010

possibly perfect soundtrack : pan american, the river made no sound.
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Joe

Sunday, May 23rd, 2010

L’actualité cannoise (je veux dire la palme d’or 2010) me permet de réchauffer une vieillerie de plus, millésime 2005. On peut lire (je ne sais pas pour combien de temps encore), la critique du film Uncle Boonmee d’Apichatpong Weerasethakul, Joe pour faire court, et je me dis qu’Azoury pourrait constituer ma dernière raison d’acheter Libé.
Bon sinon, mon petit truc à moi, ça s’appelle Jungle Her ou pourquoi j’ai demandé à mon frère de m’offrir un dvd d’Apichatpong Weerasethakul pour Noël. Cliquer sur l’image ci-dessous, puis cliquer sur jungle, puis sur les images pour passer à la suivante. J’en avais fait une espèce d’impression petit format sur papier semi-cartonné pour mon frère, et ça reflète l’enthousiasme néo-rural néo-robinsonien cotentinois de 6 mois. Not a big deal anyway.
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du bruit et des robots

Sunday, May 16th, 2010

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une chose carnée asian style et des oeufs au lait

Saturday, May 15th, 2010

Le dessert pour moi le plus régressif au monde, LE truc qui sent ma maman, c’est les oeufs au lait, ce que peut-être chez les gens chics on appelle crème caramel sans caramel, ou crème brulée sans brulé, rebaptisés “p’tites crèmes à mamie” par mes [ostro/wisi]goths. J’en fais rarement puisqu’il s’agit des prérogatives à présent grand-maternelles, mais bon, parfois les crèmamies sont reclamées crèmamans, et j’oublie systématiquement les proportions : un gros gros demi-litre de lait, 4 oeufs, du sucre 100g environ, une gousse de vanille. Faire bouillir le lait avec une bonne partie du sucre et la gousse de vanille, battre les oeufs avec le restant de sucre. Verser le lait sur les oeufs très doucement en battant pour ne pas qu’il y ait de cuisson inhomogène et trop violente, enfourner au bain marie à thermostat 3 (moins de 100° en tous cas), jusqu’à ce que ça soit cuit (c’est à dire environ 3/4 pour des ramequins, beaucoup plus pour un gros plat).

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Sinon le plat de viande qui tue, ça prend environ 2′30 à préparer et tout le monde aime : une pièce de viande (à peu près n’importe laquelle) à cuire au four. Enduire (séquentiellement ou en marinade c’est encore mieux si on y a pensé) de beaucoup de :
- ail pressé
- gingembre rapé ou pressé (très pratique au presse-ail, mais très mauvais pour la longévité de ce dernier)
- miel
- shoyu
rajouter de l’eau au fond du plat, enfourner relativement chaud pour la duréé nécessaire à la cuisson de la viande (ça grille caramélise sur le dessus, mais on peut aussi régulièrement re-humecter la viande avec la sauce en cours de cuisson).

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Jason Kahn, Timelines

Friday, May 14th, 2010

Nous avons vu Jason Kahn deux fois en tant que percussionniste dans le duo Repeat qu’il formait avec Toshimaru Nakamura au no-input mixing board à l’époque Pezner, en 98/99. C’est certainement un de mes plus beaux souvenirs musicaux.
Tombée il y a quelques jours sur cet enregistrement d’une de ses productions en libre accès : Jason Kahn - timelines_ny , et la partition, qui vaut le coup d’oeil, presque trop belle pour ne pas se poser la question du foutage de gueule. Mais non, vraiment pas. Le résultat relève de l’improvisation sous contrainte pour un groupe qu’il mixe en direct (pour ce concert : guitar, electronics + cracked everyday electronics + ipod’s, electronics + contrabass + percussion), c’est très délicat et très puissant à la fois.
Voilà ce qu’il dit de son travail de composition par ce type de partition, dont on peut voir d’autres exemples sur son site web :

Mes travaux graphiques de ce genre ne sont (donc) pas interchangeables, ils sont conçus dans le contexte d’une instrumentation particulière et encore plus important, pour les personnalités des musiciens qui, à l’origine, y participent. En ce sens, je considère ces travaux comme étant plus qu’un regroupement d’instruments, mais comme des situations sociales qui convoient en même temps une dynamique de groupe particulière suivant les paramètres d’une partition graphique.
Les musiciens sont libres d’interpréter les partitions comme ils le désirent. Je leur demande simplement d’adhérer à la portée dynamique indiquée et aux repères temporels pour savoir quand commencer ou arrêter de jouer.
La durée de “Timelines_NY” sert à inscrire ces travaux plus vers une idée d’environnement plutôt que de performance. Je voudrais que les joueurs aussi bien que le public, accèdent à un endroit où l’idée du temps qui passe est reléguée en arrière-plan, où l’attention se concentre sur le son, sur un continuum sans début ni fin.

Et justement, lors des concerts de Repeat au Pezner, c’est exactement ces sensations/idées qui m’avaient envahie et vraiment donné l’impression de vivre un moment exceptionnel. Dans ce post-là, voilà les mots qui m’étaient venus à leur sujet : “… ils ont réussi à emplir la salle de lignes, de figures d’intensités incroyablement belles, sur un maillage rythmique parfois mouvant, parfois stable, jamais hostile, la matière éléctrique/organique qui filait dessus et au travers.”
J’adore faire des auto-citations.
Une lomo d’eux :
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carosserie

Tuesday, May 11th, 2010

Ces choses viennent de s’installer dans (la cabane de) mon jardin, et en attendant de trouver comment les en dissuader, je ne peux m’empêcher d’admirer la parfaite cohérence de leur monde animal.
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(photo : jd, au péril de sa vie)

un golem musical

Friday, May 7th, 2010

Parmi nos tentatives presqu’abouties-mais-pas-tout-à-fait d’écriture de softs musicaux, il y en a une qui aurait dû s’appeler quelque chose comme “genetic ambianthizer”. L’idée de départ était le fruit direct du désir de mêler la création informatique-musicale avec les algorithmes génétiques sur lesquels je venais un peu de travailler, plus précisément, sur des algorithmes de vie artificielle.
L’idée de la vie artificielle est très simple : à partir d’une population dont les individus sont décrits par leur génotype, créer de nouvelles générations en recombinant les génotypes suivant un système de réplication + mutation, un individu ayant de meilleures chances de se reproduire selon son taux d’adéquation à son milieu (la “fitness”). L’efficacité (et la beauté) de ces algorithmes réside dans le fait de réussir à créer de la complexité et faire “émerger” de la nouveauté à partir de ces règles ultra-simples. Hasard et nécéssité, c’est la vie.

“genetic ambianthizer” au départ s’appellait “genrythm” car nous voulions travailler avec des patterns rythmiques. Résultat assez sympa, dépendant surtout de la qualité musicale des fonctions de fitness que nous essayions de définir (tout l’intérêt et la difficulté de la chose), mais ça groovait pas mal, surtout avec des sons de tablâs — l’hypnôse auditive semble toujours très accessible quand on déverse des tablâs en continu.
Ensuite, à la place de sons type boîte à rythme, j’ai voulu injecter des samples “environnementaux”. À tout hasard ce que j’avais sous la main dans notre robinsonnerie cotentine, bruits de ports, de mer, de pas, etc. En dépit de la qualité déplorable de mes acquisitions sonores (pas de sous, pas de matos même minimal, tout très compliqué) et de leur évantail très réduit, je me souviens de quelque chose de plutôt intéressant… et décourageant. Un vrai golem musical… à quoi bon alors …. à quoi bon créer/écouter de la musique quand on entend cela (et qu’on trouve ça bien) ?
De toutes façons, je code(ais) comme une gougnafière, (contrairement à monsieur qui fait du bon code tout dur), tout ça reste atrocement buggué, et n’a pas une chance de compiler, sauf à s’y remettre sérieusement.
Mais en ce moment, alors que je me concentre (vois/écoute) plus précisément sur les musiques expérimentales, je me dis que mon golem était quand même pas mal, et surtout maintenant que je ressens, en plus, le besoin, la nécéssité du geste. C’est là sans doute que le désir renaît.

(obscur : performativité est un mot qui me poursuit depuis plusieurs mois, depuis la performativité du genre – un jour j’arriverai à lire Judith Butler pour de vrai — , à celle de la maternité — idées glanées au cours de l’édition exténuante mais passionnante de ce livre qui part lundi à l’imprimeur ! fingers crossed — , et enfin plein d’une évidente ampleur pour ce qui est du champ musical)

Bon alors, et après ? Ben après ça va finir par être maintenant.

Wallace, Bolzano, Weierstrass et le paradoxe de Zénon

Tuesday, May 4th, 2010

J’ai la chance d’aider - pour ce qui est de la terminologie et usages mathématiques français - le traducteur de “Everything & more, a compact history of ∞” de David Foster Wallace. Ça me permet la primeur d’un texte vraiment drôle et érudit qui donne des lettres de noblesse rock’n'roll et sexy à l’histoire du concept d’infini en mathématiques. C’est plein de passion et tout-à-fait accessible aux non-matheux, les parties techniques sont soigneusement balisées d’un “Si vous êtes intéressé”. Ceci étant, il arrive parfois que le soucis de vulgarisation desserve, à mon sens, la clarté du propos. C’est l’un de ces points que je voudrais reprendre ici, sans vouloir effrayer quiconque, quelque chose de très très résumé, juste pour mon bien-être spirituel.
Zénon d’Élée (Ve siècle av. J.-C) est un antique trouble-fête grec qui osa aborder de front la question de l’infini tandis que ses contemporains (et leurs descendants) avaient remisé l’idée au rayon néfaste pour la santé mentale.
Parmi les paradoxes de Zénon, prenons celui de la dichotomie : une pierre lancée sur un arbre doit parcourir, avant d’atteindre sa cible, la moitié du chemin qui les sépare, puis encore la moitié de la distance restante, puis la moitié de ce qui reste, etc. Elle doit donc occuper une infinité de positions avant d’atteindre l’arbre, chaque étape se faisant en un temps non nul. Puisqu’on peut toujours diviser le parcours restant en deux moitiés dont la première prend toujours un peu de temps à parcourir, avant de reconsidérer le problème et de recommencer le raisonnement précedent, la pierre ne peut jamais arriver jusqu’à l’arbre. On voit à merveille ici l’intrication de l’infini et du continu, je me souviens encore du délicieux frisson ressenti lorsqu’on m’a enseigné cela : la continuité offrait un espace à toutes les galipettes imaginables.
Entre lui et Cantor (le héraut de l’infini), 23 siècles d’histoire mathématique qui évitent plus ou moins d’aborder le concept, permettant malgré tout, de creuser, petit à petit, une voie à l’intuition. 2300 ans en quète de rigueur aussi, et c’est Bolzano puis Weierstrass, qui, dans l’élan mathématique de leur époque (le 19ème donc), ont donné des définitions sans biais des limites et de la continuité. Wallace utilise la continuité d’une manière pas forcément évidente pour aborder le paradoxe de Zénon, je trouve plus simple de rephraser cela en terme de limite d’une suite infinie, avec la définition rigoureuse (ce qu’il -DFW- n’a pas fait apparemment pour se démarquer des démonstrations approximatives) . La définition “ε, δ” qui est alors “ε, N” de la limite d’une suite infinie c’est la suivante : une suite un tend vers une limite l quand n tend vers l’infini, si pour tout écart de tolérance ε, il existe un rang fini N à partir duquel, pour tout n>N, un est proche de l à ε près.

Reprenons notre pierre et lançons-la contre un arbre. L’expérience nous montre qu’elle met un certain temps pour réaliser son trajet que pour simplifier nous prendrons égal à 1 et confrontons ceci au raisonnement de Zénon. Nous supposons alors qu’elle parcourt la moitié de la distance à l’arbre en un temps égal à 1/2 , le quart suivant en 1/4 puis le huitième ensuite en 1/8 etc. au bout de n itérations, il lui faut 1/2n supplémentaire pour effectuer son petit bout de chemin, son trajet a alors duré (1/2 + 1/4 + 1/8 ….+ 1/2n) sachant que la distance restant jusqu’à l’arbre correspond à un trajet de 1/2n exactement.
Pour prouver qu’on va bien parvenir à la cible malgré la dichotomie, il faut montrer qu’au final l’addition indéfinie de tous ces petits temps tend vers la valeur de 1. On considère la suite des sommes partielles Sn = 1/2 + 1/4 + 1/8 +…+ 1/2n (donc Sn+1 = Sn + 1/2n+1 ) et on veut montrer que lorsque n tend vers l’infini, la valeur de Sn tend vers 1. Telle qu’on a construit la suite Sn, on voit bien que Sn + 1/2n = 1 puisqu’on lui rajoute justement la dernière moitié que l’on s’apprêterait à couper en deux à l’itération suivante. Donc montrer que Sn tend vers 1 est équivalent à montrer que (1-1/2n) tend vers 1 aussi, soit simplement que 1/2n tend vers 0. Ce qui est immédiat avec un tout petit peu d’arithmétique : si l’on veut 1/2n < ε, ε étant voué à devenir aussi petit que nécéssaire, on a : 1/ε < 2n, on passe aux logarithmes on obtient une condition sur n : n > ln(1/ε) / ln(2). Par exemple avec ε = 0.0001, on a n > 13, c’est à dire que pour n > N = 13, Sn est proche au dix-millième de 1. On aura beau rajouter une infinité de petits termes 1/214 + 1/215 + … etc., tout ce que l’on fera c’est de se rapprocher encore et encore de 1 ; les sommes partielles en constituant une approximation que l’on peut toujours ajuster (via N) de manière arbitrairement précise (ε), la somme totale (série) — donc pour l’indice n décrivant l’ensemble (infini) des entiers naturels — valant 1 exactement.
C’est beau, non ?
Bon si vous n’avez rien suivi, pas de panique, il faut quand même à Wallace presque 200 pages pour arriver là.