Archive for March, 2011

mythe néorural #0

Monday, March 28th, 2011

s90_img_2510_250.JPGoui je sais c’est dégoutant.
Dans Drowning By Numbers de Peter Greenaway, il y a ce jeu que le jeune garçon décrit : il s’agit de compter le nombre d’animaux morts sur les routes en fonction du jour de la semaine, c’est “The Great Death Game”. En m’installant à la campagne, j’imaginais que je pourrais moi aussi m’y adonner, hé bien non, en fait, pas tant que ça. Mais j’ai quand même appris que le renard n’était pas qu’un animal de fable.

Sans Greenaway je n’aurais (peut-être) jamais écouté Nyman ou Mertens, et sans eux, je n’aurais jamais découvert plein d’autres trucs bien. En attendant, je n’ose pas revoir les Greenaway que j’ai tant adulés (favoris de l’ancien temps : Zoo) (de peur de me trouver rétrospectivement insupportable).

Eli, Eli, Lema Sabachthani ?

Sunday, March 20th, 2011

“Mon dieu, mon dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” présenté à Cannes en 2005, à ma connaissance jamais sorti en salles en France.
elieli.jpegUn film japonais avec un titre en hébreu qui parle de la musique expérimentale comme seul remède à la tentation suicidaire ? de quoi réactiver le fantasme du jumeau caché, et le mien s’appellerait Shinji Aoyama.

En 2015, un virus se propage sur la planète, provoquant, sous le nom de syndrome du Lemming, une épidémie de suicides. C’est aux marges de cette apocalypse que deux musiciens, ex stars noise, Mizui et Asuahra mènent leur vie, investissant les lieux fantomes d’un bord de mer abandonné pour y chercher et créer leur matière musicale. Parallèlement, un vieil homme, le “président”, dont l’on devine la faillite personnelle à hauteur de sa réussite sociale, recherche, à l’aide d’un détective à poigne, une solution pour guérir sa petite fille, contaminée. Ils apprennent que les spectateurs des concerts de Mizui et Asuahara ont résisté au virus, il décident alors de les trouver afin de leur demander de jouer pour la jeune femme. (vague explication donnée plus tard : leur musique “nourrirait” le virus et l’endormirait ainsi… la musique expé comme nourriture apaisante du désespoir, voilà qui est bien mignon)

Autant le dire tout de suite, j’adore ce film à moitié raté, peut-être parce que je me reconnais tout à fait dans ses faillites : une constante hésitation à sauter sur la raison cinématographique pour tenter des intuitions pas toujours heureuses, ce qui dans les mauvaises pioches donne une narration un peu inégale, quelques lourdeurs de script (par exemple l’expiation de Mizui par la mise en parallèle de sa copine morte et de la jeune fille qu’il va sauver), ou encore des effets visuels dignes du Pink Floyd à Pompéï (mais tous les effets ne sont pas ratés, loin de là !). Neanmoins, c’est aussi la voie pour la justesse magnifique de la majeure partie du film, je ne veux pas parler de grâce ici, mais de justesse simultanée de l’image, du son, des personnages, les longues séances de création des deux musiciens en font heureusement partie. Voilà pour moi toute la justification de la matière cinéma, créer ce réel qui n’a d’autre qualification que sa propre (in)existence et l’inscrire dans une certaine durée.
Il reste aussi quelques scènes presqu’impardonnables d’esthétisation inutile, mais c’est peut-être un bout de japonitude que je ne capte pas, quoiqu’à ce compte, Eureka (même réalistateur, 2000) adoptait, lui, une balance d’une neutralité plus aride, ce qui en faisait une authentique réussite.
Musicalement, je ne sais pas qui créditer, mon dvd (♥) est un import et le générique n’est pas sous-titré. J’ai lu quelque part qu’Aoyama avait auparavant collaboré avec Jim O’Rourke, ce qui est une influence tout à fait cohérente.

Ai-je mentionné le fait que Tadanobu Asano (Mizui), est l’homme le plus beau de la galaxie et l’acteur le plus cool de l’univers ? De l’incroyable Hakuchi (1999, Makoto Tezuka) au parfaitement charmant Taste of Tea en passant par le jouissif Zatoïchi (celui de Kitano), il a joué dans quelques uns des films japonais importants pour moi cette dernière dizaine d’années.

Japan is in our hearts.

une photo presque pas floue

Saturday, March 19th, 2011

une photo de concert presque nette pour une fois, c’était là : Bienvenue Printemps ! au théatre de Poche à Hédé
elwoodguthrie201103_450.jpg
Grand plaisir de revoir Elwood&Guthrie (l’année dernière c’était ). Émotion d’assister à quelque chose de très beau. Leur jeu, à chacun, me touche par cet équilibre précieux entre l’aérien et l’intense.
(Et puis ça faisait longtemps que je n’avais pas assisté à un concert où je connaissais déjà par coeur la majorité des chansons !)

une histoire de tribus

Tuesday, March 15th, 2011

Je ne sais pas depuis combien de générations on torture des étudiants qui n’ont grosso modo qu’un besoin très appliqué avec la définition des probabilités sur univers et tribus. Pour ma part, j’avais toujours considéré cette matière assez mesquine, me plaignant qu’il s’agissait surtout d’interprétation subjective d’énoncés en langage naturel, jusqu’à ce que j’en enseigne un cours introductif à la suite d’un cours d’intégration (de Lebesgue), cela prenait enfin tout son sens (entre autre permettre toutes les nuances de gris entre le 0 et le 1) et justifiait notamment cette histoire de tribus.
En résumé cela donne quelque chose comme ça : pour permettre l’intégration d’une fonction au sens de Lebesgue, il suffit que *les conditions de régularité* qui permettent l’intégration au sens classique soient vérifiées en dehors d’ensembles qui seraient négligeables pour l’intégrale (toutes les théories d’intégration définissent l’intégrale comme limite de sommes finies d’aires, l’idée géniale de Lebesgue étant de discrétiser au niveau de l’ensemble des valeurs prises par la fonction à intégrer puisque ce sont les valeurs singulières qui peuvent éventuellement poser problème, et non le domaine d’intégration, cela date du tournant XIXième-XXième). Il faut alors trouver un moyen de mesurer le domaine d’intégration pour définir ce qui est négligeable de ce qui ne l’est pas, si les valeurs problématiques de la fonctions sont prises sur un ensemble négligeable ou pas. On en vient alors, pour travailler dans le cadre des réels, à généraliser la notion d’intervalle. C’est ce que l’on va faire en définissant l’ensemble des Boréliens : la tribu borélienne (d’Emile Borel 1898).
Les boréliens, ce sont tous les ensembles que l’on peut construire à partir des intervalles ouverts à l’aide d’opérations élémentaires : passage au complémentaire, union (et donc intersection par passage au complémentaire) de famille dénombrable. Ainsi à chaque borélien on peut associer sa mesure c’est à dire un nombre positif qui peut être nul ou infini et qui a la propriété de σ-additivité : pour toute famille dénombrable la mesure de l’union des éléments de cette famille est la somme des mesures. (la mesure de Lebesgue est tout simplement la taille de l’intervalle, la mesure d’un ensemble de point isolés est nulle, c’est par essence ce genre d’ensembles qui seront appelés négligéables)
Une tribu en général, c’est une classe définie sur un ensemble (en proba on parlera de l’univers) qui vérifie simplement les trois propriétés suivantes : elle n’est pas vide (elle contient l’ensemble vide ainsi que l’univers par la seconde propriété), elle est stable par passage au complémentaire, elle est stable par union dénombrable.

Donc pour ce qui est des probas dans le cadre le plus général. On se place dans un espace des états : univers des possibles, c’est l’ensemble de tous les résultats possibles de l’expérience aléatoire que l’on considère. Un évènement c’est une partie de l’univers, le résultat d’une expérience aléatoire. On définit alors la probabilité comme étant une application de la tribu des évènements définis sur l’univers à valeurs dans l’intervalle [0,1] telle que la probabilité de l’univers entier (c’est à dire la certitude) vaut 1 et pour deux évènements incompatibles (d’intersection nulle), la probabilité de l’union (l’un ou l’autre), est la somme de leurs probabilités respectives. Ainsi, la probabilité d’un évènement, c’est un nombre entre 0 et 1 qui indique le degré de vraisemblance a priori de cet évènement, on peut l’imaginer comme la limite de la fréquence de réalisation de cet évènement si on pouvait reproduire indéfiniment l’expérience.

Pour les étudiants que les considérations algébriques ne concernent pas vraiment, je pense que l’on peut simplement commencer par le cas discret fini en explicitant l’ensemble des parties de l’univers et mentionner le concept de tribu comme généralisation au cas non dénombrable. On voit en suivant cette démarche que le concept de tribu est le cadre absolument adapté à ce cas, puisque cela correspond exactement au passage des sommes à l’intégration.

(é)perdue dans la Manche

Saturday, March 12th, 2011

Là : cb in la mancha, j’ai mis d’une part des photos datant de 2001, d’un bout de dunes Cotentines qui servait de lieu d’étude des matériaux pour EDF. On peut aussi voir des residus de tests d’éoliennes qui avaient pris place au cours des années 70. Ça m’a bien confortée, pendant les 4 années où nous avons habité là-bas, subissant la même exposition aux forces de la nature, de savoir que l’endroit pouvait être officiellement considéré aussi stimulant.
Il ne reste plus que le batiment abritant le transformateur électrique, que je connais donc depuis toute petite, (proche de ma destination de promenade favorite : quelques blockhaus pas tout à fait ensablés), et dont l’architecture très 70’s m’a toujours fascinée. Je m’y serais bien vue établir avec une poignée de nerds sauvages un centre de recherche scientifique prêt à révolutionner la planète, avec pour unique mesure, la mer en furie. C’est de ce transformateur que le courant s’apprêterait à transiter vers Jersey via le “cable énergie”, signalé avec superbe par mon panneau jaune favori (en 2001, et maintenant).
transfo.JPG

s90_img_2307_250.JPG
J’ai d’autre part mis quelques photos d’installations de la sphère publique, qui me font un très étrange effet, des batiments à l’apparence hyper fonctionnelle, vides de toute présence humaine et très isolés en campagne. De quoi peut-être alimenter un délire paranoïaque, celui qui irait de pair avec cette théorie conspirationniste comme quoi en cas d’accident nucléaire, la presqu’île du Cotentin serait très aisément séparable du reste de la France. Vague écho au cauchemar japonais.

(oui ça fait un flickr de plus pour moi…. le prochain c’est un compte myspace, non j’déconne)

gotcha

Thursday, March 3rd, 2011



MARC PICHELIN & CHRISTOPHE CARDOEN

Originally uploaded by Rémi Goulet / Concerts

tiens c’est moi là dans la vidéo, assise au milieu, peut-être bien au moment où je suis en train de me demander si en plus d’abimer mon audition, je suis en train d’infliger des dommages irréversibles à mes yeux… mais en fait, c’était vraiment très bien (and all is fine).


(beaucoup de jolies photos sur le stream de Rémi Goulet)