Archive for the 'Alles wird Muzak' Category

vrac musique

Tuesday, August 10th, 2010

autre soirée musicale, mais pour JD qui a pu découvrir l’étonnant contrebassiste Clayton Thomas (vu dans the Ames Room) ainsi que le trompettiste Peter Evans avec Tony Buck (Batterie) et Magda Mayas (Clavinet). (dans un club au nom incertain de Neükölln)

thomasevans
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on est aussi tombés sur ces affiches de Lydia Lunch :
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et pour finir, avoir une maman punk qui vous affuble d’un prénom à coucher dehors et compose une chanson en l’honneur de votre naissance, peut mener à tout, y compris faire de la publicité pour une marque de crème glacée mondialisée.
(la photo a été prise à Cologne, mais l’affiche etait sur tous les mur d’Allemagne)
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Klangkünstlerin, Klangkünstler

Saturday, July 31st, 2010

inventionen2.jpgInventionen 2010 : musiques pour plus d’un haut-parleur, en l’occurence une centaine affichée pour le Système BEAST aka Birmingham ElectroAcoustic Sound Theatre, dans le cadre de l’ancienne église Sainte Elisabeth, Berlin Mitte.
Musicalement, on doit y retrouver ce que je suppose être une crème de gratin academique de l’électroacoustique mondiale, centralisée autour de cet environnement de performance grandiose, c’est donc complètement composé et pour la soirée à laquelle j’ai assisté, vraiment très beau.
Enfin, bien que passionnant à écouter, personnellement j’aime bien un petit peu plus de sueur.
Reste à trouver/chercher un idéal (dés-)équilibre entre cela et les divers drones entendus cette année, puisqu’une convergence est évidente.
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Et aussi, que cela soit dit, Klang ne signifie pas “je tape sur des barres de métal et ça me va bien”, mais tout simplement son. Et puis tant qu’on y est, Zorn c’est colère, Bargeld, c’est de l’argent en espèces, et Bauhaus, c’est Monsieur Bricolage.

brouillon

Tuesday, June 15th, 2010

Brouillon au musée de la danse, ça explose tous les degrés de hypitude, je suppose.
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(photos cb avec mes filtres favoris.)

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Le charmant musicien itinérant est Philipp Quehenberger, passé un peu plus tôt dans la semaine à Blind Spot. (photo jd, parfait au naturel.)

du bruit et des robots

Sunday, May 16th, 2010

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blue.jpg rouge.jpghands_a.jpghands_a_2.jpg

Jason Kahn, Timelines

Friday, May 14th, 2010

Nous avons vu Jason Kahn deux fois en tant que percussionniste dans le duo Repeat qu’il formait avec Toshimaru Nakamura au no-input mixing board à l’époque Pezner, en 98/99. C’est certainement un de mes plus beaux souvenirs musicaux.
Tombée il y a quelques jours sur cet enregistrement d’une de ses productions en libre accès : Jason Kahn - timelines_ny , et la partition, qui vaut le coup d’oeil, presque trop belle pour ne pas se poser la question du foutage de gueule. Mais non, vraiment pas. Le résultat relève de l’improvisation sous contrainte pour un groupe qu’il mixe en direct (pour ce concert : guitar, electronics + cracked everyday electronics + ipod’s, electronics + contrabass + percussion), c’est très délicat et très puissant à la fois.
Voilà ce qu’il dit de son travail de composition par ce type de partition, dont on peut voir d’autres exemples sur son site web :

Mes travaux graphiques de ce genre ne sont (donc) pas interchangeables, ils sont conçus dans le contexte d’une instrumentation particulière et encore plus important, pour les personnalités des musiciens qui, à l’origine, y participent. En ce sens, je considère ces travaux comme étant plus qu’un regroupement d’instruments, mais comme des situations sociales qui convoient en même temps une dynamique de groupe particulière suivant les paramètres d’une partition graphique.
Les musiciens sont libres d’interpréter les partitions comme ils le désirent. Je leur demande simplement d’adhérer à la portée dynamique indiquée et aux repères temporels pour savoir quand commencer ou arrêter de jouer.
La durée de “Timelines_NY” sert à inscrire ces travaux plus vers une idée d’environnement plutôt que de performance. Je voudrais que les joueurs aussi bien que le public, accèdent à un endroit où l’idée du temps qui passe est reléguée en arrière-plan, où l’attention se concentre sur le son, sur un continuum sans début ni fin.

Et justement, lors des concerts de Repeat au Pezner, c’est exactement ces sensations/idées qui m’avaient envahie et vraiment donné l’impression de vivre un moment exceptionnel. Dans ce post-là, voilà les mots qui m’étaient venus à leur sujet : “… ils ont réussi à emplir la salle de lignes, de figures d’intensités incroyablement belles, sur un maillage rythmique parfois mouvant, parfois stable, jamais hostile, la matière éléctrique/organique qui filait dessus et au travers.”
J’adore faire des auto-citations.
Une lomo d’eux :
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un golem musical

Friday, May 7th, 2010

Parmi nos tentatives presqu’abouties-mais-pas-tout-à-fait d’écriture de softs musicaux, il y en a une qui aurait dû s’appeler quelque chose comme “genetic ambianthizer”. L’idée de départ était le fruit direct du désir de mêler la création informatique-musicale avec les algorithmes génétiques sur lesquels je venais un peu de travailler, plus précisément, sur des algorithmes de vie artificielle.
L’idée de la vie artificielle est très simple : à partir d’une population dont les individus sont décrits par leur génotype, créer de nouvelles générations en recombinant les génotypes suivant un système de réplication + mutation, un individu ayant de meilleures chances de se reproduire selon son taux d’adéquation à son milieu (la “fitness”). L’efficacité (et la beauté) de ces algorithmes réside dans le fait de réussir à créer de la complexité et faire “émerger” de la nouveauté à partir de ces règles ultra-simples. Hasard et nécéssité, c’est la vie.

“genetic ambianthizer” au départ s’appellait “genrythm” car nous voulions travailler avec des patterns rythmiques. Résultat assez sympa, dépendant surtout de la qualité musicale des fonctions de fitness que nous essayions de définir (tout l’intérêt et la difficulté de la chose), mais ça groovait pas mal, surtout avec des sons de tablâs — l’hypnôse auditive semble toujours très accessible quand on déverse des tablâs en continu.
Ensuite, à la place de sons type boîte à rythme, j’ai voulu injecter des samples “environnementaux”. À tout hasard ce que j’avais sous la main dans notre robinsonnerie cotentine, bruits de ports, de mer, de pas, etc. En dépit de la qualité déplorable de mes acquisitions sonores (pas de sous, pas de matos même minimal, tout très compliqué) et de leur évantail très réduit, je me souviens de quelque chose de plutôt intéressant… et décourageant. Un vrai golem musical… à quoi bon alors …. à quoi bon créer/écouter de la musique quand on entend cela (et qu’on trouve ça bien) ?
De toutes façons, je code(ais) comme une gougnafière, (contrairement à monsieur qui fait du bon code tout dur), tout ça reste atrocement buggué, et n’a pas une chance de compiler, sauf à s’y remettre sérieusement.
Mais en ce moment, alors que je me concentre (vois/écoute) plus précisément sur les musiques expérimentales, je me dis que mon golem était quand même pas mal, et surtout maintenant que je ressens, en plus, le besoin, la nécéssité du geste. C’est là sans doute que le désir renaît.

(obscur : performativité est un mot qui me poursuit depuis plusieurs mois, depuis la performativité du genre – un jour j’arriverai à lire Judith Butler pour de vrai — , à celle de la maternité — idées glanées au cours de l’édition exténuante mais passionnante de ce livre qui part lundi à l’imprimeur ! fingers crossed — , et enfin plein d’une évidente ampleur pour ce qui est du champ musical)

Bon alors, et après ? Ben après ça va finir par être maintenant.

I was ridin’

Friday, April 23rd, 2010

La route 395 qui longe la chaîne de la Sierra Nevada par l’Est, est un peu comme un long rien Californien, pas glamour pour un sous (j’avais commencé par écrire “un long trou du cul”), mais un de ces grands riens de là-bas qui me feraient me sentir à l’étroit par ici.
La route américaine permet de tout oublier, elle est absolument hypnotique. Paysages traversés, paysages indemnes, quelques poches d’habitats empruntées sur le sauvage, humbles. Tout oublié ou plutôt remis à sa petite place.
Nous avons suivi la 395 depuis la Vallée de la Mort jusqu’à l’entrée Est du parc national de Yosemite, ce qui déjà constitue en soi un gradient thermique tout-à-fait choquant. En chemin, un des meilleurs breakfast de ma vie, pancakes et baies fraiches de la montagne, pendant que le linge tourne dans une laverie automatique attenante au restaurant. Un autre client de la laverie : un authentique “into the wild”, crade avec ses lunettes cassées et son backpack qu’il vient recharger toutes les quelques semaines/mois, pour repartir, là-haut dans la montagne, avec des bouquins.
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Amis du banjo, bonsoir. Mercredi, je suis allée voir Elwood & Guthrie ainsi que Eugene Chadbourne, au Mondo Bizarro pour changer (organisation interzones).
Amérique, plus ou moins profonde. Je ne sais pas si ça continue de me faire rêver pour les souvenirs comme celui au-dessus ou par l’impérialisme culturel qui m’a biberonnée à “Sheriff fais-moi peur”.
Will Guthrie, c’est aussi le batteur de The Ames Room dont l’énergie du concert — qui m’avait tant émerveillée – m’a portée un bon moment après ; je reste fascinée par son catalogue de gestes et d’intensités. Elwood était aussi parfait, dans le genre poor lonesome, chant lèvres serrées et banjo qui s’envole. Les deux ensemble pour une “appalachian trance folk music” vraiment épatante.
À part ça, Eugene Chadbourne, c’est vachement bien, mais je crois qu’un concert tous les douze ou treize ans me convient à peu près, c’est pas non plus complètement mon truc.

(p.s.: aimés lecteurs, si vous connaissez une blague interminable qui commence par “I was riding in the Sierra Nevada” (dit avec ce qu’on imagine être un fort accent mexicain), et se termine par “and you ask me if I know Poncho Villa? We had lunch together! “, merci de me prevenir, je me suis toujours demandé si c’était une vraie blague).

Ça me gratouille, ça me chatouille, ça me donn’ des idées

Thursday, April 15th, 2010

Y a putaing 10 ans de ça, nous avions un beau site sur lequel nous nous étions engagés à tout d’abord 3 puis par la suite un peu plus, à poster tous les 15 jours une minute trente de musique homemade, sous GNU General Public License ; la licence art-libre et autres creative commons n’en étaient alors qu’à leurs balbutiements. Ça s’appelait 1′30, ça a duré quelques mois, un an ou plus peut-être ? puis ça a disparu dans les limbes. Les seuls artéfacts encore audibles publiquement sont les morceaux de Gyom hébergés dans un certain Terrier dont je découvre d’ailleurs avec surprise et délices qu’il possède beaucoup d’ouvertures rennaises.
Nous avions de futures vedettes ! qui devinrent ou étaient déjà d’éminents membres de Tsé, Servovalve, Colder, Mainstream Ensemble, Scratoa… (J’en oublie certainement, et quant-à Bertrozen, GAM et Cric ? je serais vraiment contente d’avoir de vos nouvelles si vous tombez par ici !)
Mais depuis, pour nous, comme un grand tunnel, fait à la fois de pharaoniques projets de softs musicaux jamais finalisés et de contingences quotidiennes plus ou moins directement liées à l’élevage de petits barbares.
Et après une autre soirée bruyante et basculante, ça démange de plus en plus de s’y remettre.

Dans 1′30, nous avions aussi une très private joke : Eoyore. À cette époque, quoi que que ce fût de pseudo culturel avait tout intérêt à être japonais. Nous (homme & moi), avions alors décidé de créer un alibi japonais à 1′30. Nous lui avions dégotté un nom issu de notre grand engouement littéraire du moment (et tout à fait éternel soit dit en passant) : Kenzaburō Ōe dont le fils handicapé et musicien était surnommé Eoyore ; nous n’avions pas saisi qu’il s’agissait (d’une transcription japonaise) du nom original de Bourriquet dans Winnie L’Ourson ! Eoyore produisait des haikus musicaux : nous avions divisé la minute trente en trois sections correspondant en durée aux 5/7/5 du haiku poème, l’un de nous préparant les samples qui servaient de base à l’autre pour composer une partie. Nous faisions tout avec la superbe groovit et à l’aide de casques piqués dans des avions qui servaient aussi de micro à l’occasion. À réecouter aujourd’hui ces morceaux, je suis soulagée de les trouver encore globalement à mon goût ! En attendant de mettre en ligne une archive 1′30 un de ces jours, voici les haikus d’Eoyore (en mp3) : haiku1, haiku2, haiku3, haiku7×7.

(ma) “carte heuristique” Balanescu Quartet

Thursday, April 8th, 2010

. Peter Greenaway –> Michael Nyman –> Balanescu Quartet –> Balanescu Q. plays Kraftwerk –> K –> E. Musik

. B.Q. + Rabih Abou-Khalil –> R.A.K. + x …

. Gavin Bryars –> B.Q. plays G.B.

bruit

Thursday, April 1st, 2010

Bascule pour Le Dépeupleur (= Zbigniew Karkowski et Kasper T. Toeplitz, concert organisé par Larsen Commercial, qui a un sacré blogroll à défaut d’alimenter son propre fil, une playlist des dj sets peut-être ? — je regrette d’être partie trop vite) .
Je n’en ai pas pensé grand’chose à part que je suis un peu restée sur ma faim et que j’aime toujours le bruit*. J’aime le bruit avec une naïveté puérile parce que la saturation sensorielle permet d’accéder à d’autres degrés de perception. Aux musiciens d’habilement peupler ce bruit, agencer les intensités et en faire un nouveau monde (ce à quoi parvient plutôt bien le Dépleupleur justement), à moi de l’explorer ou d’en profiter pour agrandir le mien.
sensorband2.pngsensorband3.pngBiscuits de la période PezNer (voir ce post-là) : quelques lomos forcément floues de Sensorband auquel participait Karkowski et sur mon petit pli de la vague de l’époque, une interview de Tetsuo Furudate himself, le roi des flapping pants.
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* je me sens tout de même à la relecture, obligée de préciser qu’en général, dans la vie quotidienne, je supporte ça très mal, le bruit, et que c’est peut-être la première raison de mon enchantement néo-rural-de-quasi-6-ans.

großbaß

Friday, March 26th, 2010

Herr Doktor Hans-D tourna le potentiomètre vers les 41 Herz. L’atténuateur n’y fit rien et Ursula hurla de plaisir.
hans_450.jpg
(en réponse à ça)

your life is like a Tony Conrad concert

Monday, March 22nd, 2010

(attention, je vais oser t’apostropher, hypothétique lecteur, mais comme je méprise du fond de mes entrailles les sites qui me supposent oiselle pré-adolescente et me tutoient, je vais pratiquer par la suite une distance polie et de bon aloi, surtout pour le cas, admettons-le, malgré tout relativement improbable où tu serais vraiment en train de lire ce post et où je ne te connaitrais pas, même de loin)

Bon, dans le cas plus que problable où je vous connais un peu et que vous avez l’insigne honneur d’être un cher et tendre mien ami sur fesses-de-bouc comme dit mon ostrogoth, vous ne serez certainement pas passé à coté de cette émouvante nouvelle : j’ai rebranché samedi ma platine vinyl et je m’en félicite. Pauvre parente de ma chaîne haute fidélité (Denon millésime 93, petits bijoux d’enceintes JM lab 93 aussi, 4 mois d’ennui ferme au département Hardware Mainframe chez un constructeur informatique nippo-britton à Reading UK pour m’offrir ça), toujours la dernière à suivre (ou à ne pas suivre d’ailleurs) dans les déménagements et être enfin réinstallée après des mois de tractations pour lui dégager un cube suffisament spacieux.
Et j’ai retrouvé ce disque complètement mythique : Tony Conrad with Faust, Outside the dream syndicate, 1973 Caroline Records. Sauf que je n’ai aucun souvenir de l’avoir acheté ou même écouté. Si j’en crois l’étiquette, je l’ai payé 10F00 (oui prequ’exactement 1,50 euros ami lecteur), en 1996, au Boulinier su’l'Boul’Mich, ce qui me semble totalement concordant avec quelque chose que j’aurais pu faire pour de vrai, surtout qu’à l’époque, je devais justement être dans une période sans (platine vinyl), n’ayant plus guère l’occasion d’arpenter le boul’Mich que lors de salvatrices remontées en TGV — j’avais quelques difficultés à m’acclimater à la vie lyonnaise — et reléguant l’idée d’écouter ce disque au même niveau qu’une tetrafoultitude d’autres trucs primordiaux mais pratiquement inaccessibles (à mon temps libre, à ma volonté, à mon porte-feuille, à ma capacité de concentration etc.).
Donc je l’ai acheté et je l’ai oublié. Et hormis le fait qu’il est décidement vraiment très bon, qu’il participe à une coïncidence toute fraîche (Tony Conrad a réalisé la bande sonore de Flaming Creatures de Jack Smith, que j’ai eu la chance de voir projeté sur grand écran ce week-end au musée de la danse/le garage, si le coeur vous en dit, il est aussi possible de visionner Flaming Creatures sur Ubu web, “The film features an array of transvestites, hermaphrodites, drag shows, a sexually ambiguous vampire, a drug orgy and a well-built cunnilingual rapist. Sexual ambiguity is a prominent visual theme, which is particularly shown by overlapping images of flaccid penises and breasts.” — ça c’était pour les mots-clefs ), ce disque, donc, me permet, à moi aussi, de me faire une sleeveface.
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(le titre de ce post est celui d’une chanson de Rubin Steiner)
(demain promis, j’arrête les docs martens, ça va finir par devenir pathétique)
(explosion de jonquilles, c’est le printemps)

époustouflant

Thursday, March 18th, 2010

J’ai rebasculé hier soir pour un époustouflant concert de The Ames Room : Jean-Luc Guionnet saxophone, Clayton Thomas contrebasse, et Will Guthrie batterie.
MAXIMAL MINIMALIST TERROR JAZZ!

Je ne suis pas prête de m’en remettre.
On peut écouter ce concert sur le site de Larsen Commercial.

deux temps (de la musique expérimentale, du soi)

Monday, March 15th, 2010

Partir de l’hypothèse qu’il n’y a pas plus d’intérêt à jouer, de la guitare, du violoncelle, du saxophone, du …, que d’avoir à portée de main, un objet nommé guitare, violoncelle ou saxophone ou …, que l’on peut grattouiller, faire couiner, tapoter, grincer, lustrer etc., éventuellement faire sonner de manière attendue. Petits bruits qui égrenent le temps de l’expérimentation.
Partir de l’hypothèse qu’une guitare n’est plus une guitare, mais un organe supplémentaire à intégrer, effacer. Corps sans organes. Musique sans instrument. Un instant et la guitare avec spatule de maçon, caillou et homme est le plus bel instrument du monde, le plus cohérent. La machine s’engrene, avec ou sans accidents, un corps sonore est constitué.
Égrenage, engrenage, comme deux temps qui peuvent se mélanger ou encore se superposer, et étendre les territoires du réel.
(vus hier soir à la Bascule : Neil Davidson -guitare-, Soizic Lebrat -violoncelle- et Nusch Werchowska -synthétiseur-, concerts d’improvisation programmés par Zéro Stock)
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Vue ce matin, une distrayante ted talk “The riddle of experience vs. memory” de Daniel Kahneman prix nobel d’économie, pour je suppose avoir fondé l’économie comportementale, dont j’apprends qu’il s’agit d’étudier, notamment sous les angles psychologique et cognitif, les comportements humains dans les situations économiques. En partant du prétexte d’expliciter la notion de bonheur (je suis prise d’effroi à imaginer que c’est là un objectif à maximiser dans un contexte économique), Kahneman établit deux types de soi (self): celui qui vit l’expérience de l’instant, et celui qui l’a mémorisée ( quitte à effectuer une première distanciation, j’aurais intuitivement penché pour une seconde, en parlant de celui qui a accès au souvenir et qui se situe donc encore dans un présent). Son propos, illustré par des exemples qui me paraissent à la fois extrèmement naïfs et occidentalo-centrés (vulgarisation simplificatrice ?), revient à dire que le souvenir d’une expérience n’a pas de rapport linéaire avec le vêcu “sur le vif” de celle-ci, et qu’en fin de compte c’est ce qui reste en mémoire, le souvenir, qui participe à la satisfaction éprouvée et par suite, aux prises de décision. “experiencing self, memorizing self” le second est toujours prédominant. Pourquoi ? En suivant les termes de Lionel Naccache (voir ici et ), c’est celui qui, dans le système fictions-interprétations-croyances permet l’élaboration de la conscience de soi.
Revendiquer le désir d’engrammer ces deux temps de l’être.

Costes est un mème pseudo-périodique

Sunday, February 21st, 2010

(faites sortir les enfants)
Costes, Jean-Louis Costes, http://www.costes.org/.
Il y a un peu plus de 20 ans, je me procurais des cassettes autoproduites pourries et drôles de Costes auprès des Etablissements Phonographiques de l’Est. Il existe un site web à propos des EPE et du Syndicat qui eurent l’insigne honneur de participer à toute une partie de mon éducation bruitiste/indus et auxquels je n’avais pourtant pas accordé de cerveau disponible depuis la fin supposée de mon adolescence. Ha, la joie par le bruit, ma vie n’aurait pas été la même sans eux (svp, ne le dites pas à mes enfants).
Il y a un peu plus de 10 ans, j’assistais à quelques spectacles de Jean-Louis Costes au Pezner : “opéras pornos-sociaux, des comédies musicales paroxistiques, trash et violentes.” De grands moments dont j’aurai quelques difficultés à transmettre l’essence outrageuse et outrageusement honnête de la performance, à ma descendance pour quelques années encore.
Ce mercredi, il se produit à la Bascule à Rennes. Costes est donc devenu un mème quasi-périodique dans ma ménagerie sous-culturelle, héberluée et ravie de voir qu’il est toujours là, j’imagine plus virulent que jamais, certainement salutaire, vue l’époque-qu-on-vit-ma-bonne-dame. Et j’espère bien recroiser de près ou de loin, sa réalité dans toutes les décades qui nous restent.
Le lendemain, à la même Bascule (merci merci à elle), un concert d’électroacoustique, ./morFrom/. + J / Enihcam, organisé par l’association Interzone, dont il me semble évident que je vais assister à la moitié de ce qu’ils promeuvent, en attendant une bonne solution de baby-sitting pour pouvoir partager l’autre moitié avec ma moitié, moitié qui vit donc Le Singe Blanc et Rotule vendredi dernier, et en revint non seulement fort satisfait mais aussi lesté de quelques disques. Ça le fait rigoler d’ailleurs ma moitié quand je lui dis que j’adore Le Singe Blanc aussi parce que leur musique ressemble à mes processus mentaux, avec beaucoup de n’importe quoi dedans, et j’aime ça. On ne peut pas arguer que ça fasse dans la finesse mais je retrouve dans certaines instances affiliées au math rock un quelque chose de brutal qui, porté par ces rythmies/arythmies complexes, entre en résonnance avec des caractères humains plus proches de l’organique que de l’émotionnel. Cérebraux peut-être. (mention spéciale à Ahleuchatistas) Je relie tout ça à ce que j’ai longtemps considéré comme le meilleur disque en ma possession s’il avait fallu en désigner un : le Killing time de Massacre (Fred Frith, Bill Laswell, Fred Maher, 1981).
Bon alors, maman va voir un concert mercredi ou jeudi ? hein ?
Well anyway, il y a la page de playlist ici que je tiens à peu près à jour.