Archive for the 'lego my ego' Category

am a material : blog povera

Monday, January 9th, 2012

Blog en panne momentanée.
En attendant, j’ouvre un tumblr : am a material : amamaterial.tumblr.com
Surtout pas la poésie du quotidien ! (Fuck, tout sauf ça ! du cochon peut-être mais tout sauf ça !)
Éléments de matérialité, dirons-nous.
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ego in time - space

Monday, November 21st, 2011

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Bien-sûr excellent concert de Jérôme Noetinger, endroit chic, audience à l’admiration bien élevée.
Je ne me sens pas l’âme si didactique, et j’ai déjà expliqué ce qui me fascinait dans la musique expérimentale avec suffisament de mots précis :
- l’émergence d’un monde cohérent (un monde de signaux désirants)
- l’agencement du temps (deux temps).
C’est très personnel. Cette création/émergence d’une trame - avant tout temporelle - adresse ce qui doit être ma plus grosse angoisse existentielle :

But I still have to face the hours, don’t I? I mean, the hours after the party, and the hours after that…

Ça c’est l’écrivain qui va se jeter par la fenêtre dans The Hours, que j’ai mal vu sur le coin d’une télé. (non je ne veux pas parler des heures qui suivent un concert, au contraire, je suis souvent dans un état très exaltée s’il était bon… justement, je parle de toutes les autres)

Et aussi il y a ce genre de choses : Time Travel and Modern Physics
Est-ce que sans rire, je peux dire que suffisament nourrie des mystères de l’univers, je n’ai même plus tant besoin de contacts sociaux, alors que depuis relativement récemment, à presque 40 ans, je suis en train d’accepter d’en avoir besoin ? (non, écrire cette phrase me fait quand même rigoler)
Je pense régulièrement au film de Mike Leigh, Naked et à cette tirade de Johnny :

Was I bored? No, I wasn’t fuckin’ bored. I’m never bored. That’s the trouble with everybody - you’re all so bored. You’ve had nature explained to you and you’re bored with it, you’ve had the living body explained to you and you’re bored with it, you’ve had the universe explained to you and you’re bored with it, so now you want cheap thrills and, like, plenty of them, and it doesn’t matter how tawdry or vacuous they are as long as it’s new as long as it’s new as long as it flashes and fuckin’ bleeps in forty fuckin’ different colors. So whatever else you can say about me, I’m not fuckin’ bored.

Je ne suis pas si revendicatrice, ce you s’adresse à moi-même, avant tout. Naked, que, chose très rare, j’avais été voir plusieurs fois au cinéma à sa sortie, fait partie de ces films qui m’ont été si importants que je n’ose pas les revoir de peur de me trouver rétrospectivement insupportable.

PAK, virtuoses intuitifs (home version)

Wednesday, October 26th, 2011

Tout à fait emballée par le concert de PAK, je me suis même fendue d’une longue revue sur alter1fo.
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C’est aussi la fin du mystère qui m’étreignait depuis 13 ans : ces marins polonais de mauvais poil (voir ici) devaient être Ron Anderson accompagnant Guapo, sur la tournée RonRuins. Et… Ron Anderson est une perle, hyper souriant, très senseï dans le sens, musicien ayant acquis une grande sagesse du fait de s’être dédié, consacré depuis si longtemps à sa pratique, avec un coeur pur. Oui, rien que ça.

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(j’ajoute mon texte paru sur Alter1fo, en tant que sauvegarde d’archive)
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Retour sur le concert de YOLK et PAK le 24 octobre à la Bascule.

Il faut d’abord affirmer que la prestation de YOLK en première partie a été absolument remarquable et nous vous engageons à aller urgemment les écouter : www.myspace.com/yolk2006.

Puis il y eut PAK.

Avant-punk-jazz-prog-rock… whatever… PAK ce sont des musiciens qui performent et donnent vie à une musique virtuose, intuitive et intense.

Ron Anderson fait de la musique de manière professionnelle depuis plus de 30 ans. Multi-instrumentiste, c’est à la guitare qu’il s’est longtemps produit, il se dédie à la basse dernièrement. Compositeur acclamé, The Molecules est son projet de plus longue haleine, certains se souviennent peut-être de sa collaboration avec les japonais de Ruins, tandis que PAK tourne (généralement en trio, ici en duo) depuis 2003. Ce soir-là, il démontre, toujours très souriant, qu’une si passionnante carrière sur le papier ou gravée sur disques, se traduit aussi de manière vivante par une excellence d’exécution qui ne serait rien si elle n’était vécue en direct avec autant d’intensité. De même, Keith Abrams à la batterie, est extraordinaire, vibrionnant et absolument là, présent dans l’instant.

Pour chacun d’eux, c’est un agencement machinique homme-instrument, pétillant d’intuition, issu de leur indéniable virtuosité, qui prend place devant nos yeux. En outre, une telle performance scénique offre aussi à vivre le devenir-musique de l’ensemble, cela inclut forcément les musiciens et leurs expériences propres, mais s’étend plus largement, jusqu’à englober l’audience et le lieu.

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Ils maintiennent une structure musicale composée, hyper complexe, faite d’enchainements saccadés, retournements de mesure à vitesse axonale, qui, loin de décourager, porte le public, plus haut, plus vite, plus loin, plus fort. C’est une transe libre sur le canevas d’une multitude de propositions, qui permet de piocher dans des citations musicales acquises pour aussitôt les libérer.

Une grande sérénité, absolument pas donnée a priori, ne serait-ce qu’en raison du niveau sonore, se dégage de tout cela. Il faut alors dire le grand bonheur de partager, spectateur, auditeur coi, une telle énergie concentrée et contagieuse.

Le disque de Ron Anderson : Secret Curve paru dans la composer serie de Tzadik, le label de John Zorn, est magnifique, indispensable. À noter sur cet enregistrement, le trio habituel de PAK (basse-batterie-trompette) s’enrichit de belles collaborations (piano, violon, cuivres, et dispositifs électroniques de Jérôme Noetinger, duquel nous avions relaté la superbe prestation avec Lionel Palun, il y a quelques mois de cela).

www.ronanderson-molecules.com

putain, Lydia Lunch m’a fait la bise

Monday, October 10th, 2011

ouais.
Et je vais mettre un bail à m’en remettre. Bon, ce n’est pas parce qu’en me voyant elle s’est souvenue de moi époque Pezner et qu’elle m’avait cherchée partout depuis 12 ans. Parce que j’avais un bouquin à lui faire signer : Adulterers Anonymous, co-écrit avec Exene Cervenka, un de mes petits trésors, trouvé en occasion à Tel Aviv. Ce livre est devenu une rareté et elle était très contente de le voir. C’est de plus, chose amusante, le bouquin dans lequel je planquais nos liquidités (pas la peine de venir cambrioler, y en a plus), et notamment les 1100 $ de caution de notre dernier appartement Tel Avivi, récupérés in extremis quelques heures avant de prendre l’avion du retour, et joyeusement dépensés 6 ans plus tard pour ce voyage là.
Trève. La soirée du 7 octobre aux Ateliers du Vent restera en tous cas longtemps dans ma mémoire. J’y ai même filmé quelques secondes, avec, comme d’habitude, le même gag technique au début (I’m a loser baby). Here she comes :

(pour voir mon compte-rendu officiel, c’est là : sur alter1fo Lydia Lunch : libido existentielle et féminisme porno punk transgénérationnel - non je n’ai pas cherché à faire le titre le plus naze-mais-acceptable)

I ♥ LaTeX ( & Nick Cave) - pdflatex, Type 1 fonts & Computer Modern

Wednesday, October 5th, 2011

Seconde maquette complète pour moi, et bien entendu sous LaTeX. Pas mal de petites choses apprises, la principale étant l’utilisation de pdflatex, parce que le postscript commence apparement à devenir obsolète ma bonn’dame auprès des imprimeurs. Rien à signaler à ce propos, tout a marché comme sur des roulettes, sauf ce truc qui m’a pris des plombes à détordre : il n’existe pas de jeu de caractères français en Computer Modern qui soit de Type 1 Computer Modern ce serait presque une raison en soi d’utiliser LaTeX tellement je les trouve élégants. (Je pense malgré tout que laissé en Type 3 ça n’aurait pas posé de problème à l’impression, mais ça n’avait pas l’air de plaire à l’imprimeur…). Bref, donc pour remédier à cela, il faut soit installer Computer Modern Super (pas encore fait pas le temps), soit utiliser Latin Modern (\usepackage{lmodern} ), ce qui fut fait et beau.

J’ai aussi appris à utiliser \tolerance pour remédier aux trop nombreuses overfull lines.

Repris la macro pour des jolis siècles : \def\siecle#1{\textsc{\romannumeral #1}\textsuperscript{e}~siècle} , \def\siec#1{\textsc{\romannumeral #1}\textsuperscript{e}}

Fait des réglages fins de fancyheader
\renewcommand{\headrulewidth}{0.0pt}
\addtolength{\headheight}{7pt}
\addtolength{\headsep}{-5pt}
\cfoot{\footnotesize\thepage}
\addtolength{\footskip}{-10pt} %remonter le numéro de page

rueff_bw_200.jpg Pour la couv, j’ai presque eu un instant l’illusion de préparer une pochette de Tzadik puisqu’il a été question d’utiliser un dessin de Jacob de Rueff. Finalement, devant la pression populaire, nous avons pris De Vinci qui est quand même très chouette. J’ai aussi à l’occasion reçu un excellent conseil pro : une couverture se travaille à plat. En tous cas, j’espère pouvoir utiliser un jour ces illustrations, le livre numérisé se trouve là : De conceptu et generatione hominis. Christophorus Froschoverus excudebat (1554)

Autre ressource que je compte bien utiliser un jour : DEVISES ET EMBLEMES ANCIENNES & MODERNES, TIREES DE PLUS CELEBRES AUTEURS (1699), LA FEUILLE, DANIEL DE, 1640-1709 .

Et enfin, pendant tout ce temps, j’ai fait une crise de Nick Cave. La dernière remonte à quasi 2 ans si j’en crois la playlist où je raconte d’ailleurs qu’il est l’un des rares (le seul ?) que j’écoute avec autant de passion depuis plus de 20 ans. Même pour les disques (des 15 dernières années ?) dont le son ne m’inspire pas vraiment, je suis au bout de quelques écoutes complètement intoxiquée de sa voix, de son phrasé, de ses textes… ça méritait bien une sleeveface.
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Ça doit être l’époque qui donne envie de se recentrer sur ses fondamentaux, d’ailleurs vendredi, j’vais voir Lydia Lunch. (annoncé sur là sur alter1fo)

mon Tel-Aviv

Sunday, September 4th, 2011

Possessif présompteux, ainsi le désir de s’approprier la ville qui m’a tant manqué… J’ai relativement peu de photos de Tel Aviv-même pendant la période où nous y avons habité, peut-être par volonté d’assoir le quotidien dans une normalité qui ne provoque que des prises de vues inhabituelles - ne pas amalgamer expatriation et tourisme -, peut-être aussi parce qu’à l’époque nous ne mitraillions pas encore en numérique.
Donc premier retour après dix ans, à un mois près. Dans le taxi de nuit qui nous conduit de l’aéroport à l’appartement prêté, l’impression la plus prégnante est celle de rentrer à la maison, alors même que nous avions décidé des années plus tôt, rationnellement, que ça ne pourrait jamais vraiment devenir acquis et qu’il était temps d’en partir. (à présent, d’une vie confortable installée dans un pays où nous avons toute légitimité à résider et résister, j’en viens à repenser la permanence, bien-sûr…)

Ma ville donc à nouveau pour quelques jours, la montrer à mes enfants, ville pas forcément facile à aimer, trop chaud, trop de bruit, trop de monde…. revenir au mois d’août que je voulais justment éviter ( voir August du grand Avi Mograbi), et puis, concurrence de hasards et d’envies, dix ans plus tard, dix ans plus vieux, devenus parents, nous y voilà. Chaleur ultra humide, bruit infernal des bus et des klaxons à tout va, ronron des boites d’air conditionné posées en verrues sur les façades des immeubles, de même les bidons des chauffes-eau solaires sur les toits, la ville la plus bauhaus du monde dit-on… plus décrépie qu’elle n’était mais en chemin vers la rénovation, encore timide, quelques tours nouvelles aussi, ville plus décrépie et plus en construction… de la vie, du mouvement, du désordre, du balagan partout (le désordre efficient des villes asiatiques), et aussi la plage, plage urbaine bondée. J’aime le fait d’être si peu habillés et de toutes façons terminer quasi nus sur la plage, finalement ça nivelle les corps, pas de prétention puisque rien n’est caché ou presque, c’est libératoire ! La modestie par la nudité, plutôt habiter son corps avec quelque chose comme une conscience non faussée de celui-ci, tandis qu’ils sont si nombreux à être ridiculement beaux.
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s90_img_3540_222.JPG Alors j’ai voulu la prendre en photo la ville, je voulais toutes ses coutures, de jour, de nuit puisqu’elle tombe tôt et soudainement et qu’en famille nous y avons effectué des “safaris nocturnes de chats”, mais ce n’est pas facile, trop de choses sur chaque vue, alors au hasard, des clichés d’une promenade d’insomnie matinale, une ville anormalement vide :
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L’herbe est moins verte, mais voilà l’air y est plus vivant (et qu’on ne se méprenne pas, ce n’est certainement pas à cause de la situation politique du pays, mais, avec certitude, en dépit de celle-ci). Et ça… je n’ai pas encore trouvé comment m’en remettre.

Ha, une dernière chose. Je me souviens, les premières fois où j’étais allée en Israël, j’avais été choquée de voir autant d’armes, les jeunes en service ont garde de leur mitraillette, et ne doivent pas s’en départir, y compris en week-end, habillés en civil. Cela m’a paru beaucoup moins lourd, aussi parce que je sais que l’armée, forcément totalement intégrée à la vie quotidienne est par bien des aspects beaucoup moins haïssable que prévu, et parce que ce qui me choque et me mine, à présent, petite campagnarde, et ce qui choque mes amies israëliennes de passage, c’est la présence policière, en grappes sombres et désormais systématiques, dans les villes françaises.

gestion mentale / Moebius à Cherbourg / Tai Chi Chuan on the beach

Sunday, August 7th, 2011

M’intéressant pour un certain nombre de raisons évidentes aux profils pédagogiques, et ne sachant pas par quel livre de Antoine de la Garanderie débuter, j’ai finalement commencé par “la Gestion Mentale” de Catherine Maillard, gestion étant à entendre au sens de geste. Nous parlons ici de “pédagogie des actes de connaissance”, “L’étude des moyens mentaux qu’un sujet peut mettre en oeuvre pour apprendre, mémoriser, comprendre, réflechir, imaginer…”.
Elle propose d’étendre les profils pédagogiques (auditif - visuel - kinesthétique visuel - kinesthetique auditif) à l’idée de profils émotionnels et relationnels, se basant en partie sur des données neurologiques ( imbrication des cerveaux reptilien -automatismes et instincts, peurs/colères - limbique : réponses émotionnelles controlées : tristesse/joie, néocortex : élaboration de la pensée // modèle ultra-simpliste, tout ceci étant nettement moins vertical ) et des modèles de positions de vie hérités de l’analyse transactionnelle.
taichi200.JPGC’est bien là que pour une fois je ne suis pas partie en courant, voire je suis ébahie de la pertinence de mes débuts dans l’application de ces modèles à mon propre cas ; elle propose en effet une introspection dédiée à repérer les habitudes émotionnelles et mentales à éventuellement rééquilibrer pour mieux fonctionner, ne serait-ce du point de vue de l’apprentissage, mais le spectre semble en effet total, tout en gardant à l’esprit qu’il s’agit d’obtenir des profils pédagogiques et non psychologiques.

Et vantons-nous, le tai chi sur la plage, c’est un grand bonheur.

Superbe expo Moebius à Cherbourg.
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(clic pour voir en grand)

l’Agrippa #3

Tuesday, June 28th, 2011

(Annoncé ici)
Accompagnés des petits barbares, pour une partie de la seconde journée, quelle combinaison inespérée de contentement musical, de baignades, pedalo et crépuscule doux interminable.
agrippa_chien_h107.JPGplateformeinterr_h107.jpglautrecafe_h107.JPG

Quelques vues :
De bien bruyants jeunes gens :
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d’autres dispositifs tout à fait sonores :
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bon eux, ça doit être regreb et ogrob :
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(Guess who wants a plasma ball for Xmas ?)

[ l’autre café à Saint Laurent de Terregatte, bout du bout de la Manche, vers le bas ; aagrippaa.blogspot.com ]

Désormais, les grandes vacances -beau concept- commencent avec l’Agrippa et se terminent à Chaudefess’. Et ouais.

Si quelqu’ [improbable mais] érudit visiteur pouvait m’aider à nommer les musiciens, voilà qui parachèverait délicieusement ma satisfaction.

clic toutes les photos pour voir en grand - elles sont de jd ou de moi.

חבל על הזמן

Friday, May 20th, 2011

au moment même où je me dis qu’il m’aura fallu quasiment dix ans pour m’en remettre, crise aigue de nostalgie.
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(clic pour voir en grand)

חבל על הזמן

Un monde de signaux désirants (et moi)

Monday, May 9th, 2011

[ Bon j’ai donc un fil ouvert pour moi sur alter1fo : http://alter1fo.com/author/cb - je ne pensais pas être capable d’écrire de vrais compte-rendus de concert, mais si je ne le fais pas pour Lionel Palun & Jérome Noetinger, je ne le ferai pour personne… alors c’est certainement un peu outrancier, j’ai bien consciencieusement casé presque tous mes mots-clefs, bullshit mais sincère — je reprends quand même mon texte par ici ]

Étendre les territoires du réel, voilà une des vocations évidentes des arts expérimentaux et c’est une très belle (dé)monstration de nouveaux possibles qu’ont livrée Lionel Palun (www.lionelpalun.com) et Jérome Noetinger (metamkine.free.fr) dimanche en fin d’après-midi, à la Chapelle du Conservatoire. Mais il ne fut pas question de seulement montrer. Sculpteurs de formes, vidéos, sonores, ils savent créer un univers ; c’est un monde entier de signaux désirants qui s’anime.


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Lionel Palun, d’un coté de la scène, monitore la vidéo, Jérome Noetinger de l’autre s’occupe globalement du son, mais « Deux projections superposées, l’une créée par le son, l’autre alimentée par un feedback vidéo de la précédente. Le son génère de l’image. L’image génère du son. Le téléviseur est amplificateur, la caméra devient micro, le synthétiseur est source de lumières, les micros la colorent et la table de mixage brouille le tout. Et c’est un signal électrique commun qui est le matériel du duo. Une expérience distendue de sons dénaturés et de couleurs craquées. » et la fusion des flux d’images est donc rétroprojetée sur grand écran en arrière-scène.

Bientôt les gestes d’improvisations se lient aux interférences électriques, les capteurs émettent et vice-versa, il ne reste qu’une globalité abstraite toujours plus tangible, sensorielle peut-être sensuelle, devant les yeux et partout dans l’air. Et ainsi, dans une synesthésie complète, la spirale de feedbacks monte un nouvel agencement du temps et de l’espace, l’émergence d’un monde, issu de la performance mais devenu quasi-autonome, une nouvelle cohérence.
Je connais peu de choses plus stimulantes que d’assister à ce genre d’évènement.

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quelques vidéos à voir par là : www.lionelpalun.com/supercolor/

cool boolean joyful disjunktion

Tuesday, April 19th, 2011

rien à voir avec rien.
ramené juste en image il va bientôt y avoir 10 ans :
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(je m’en suis même fait un t-shirt)

et uncut session du désespoir de cause et du manque de pratique :

soundcloud.com/cbjd/

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Pisser des glaçons. ( propositions d’oeuvres pour exposition d’arts numériques )

Saturday, April 9th, 2011

Alors il y aurait un écran tiré sur tout un mur, et on projetterait dessus des choses, peu importe. Ce serait l’unique source lumineuse dans une pièce plutôt grande, dont les autres murs seraient couverts de noir. On poserait, de manière à ce qu’ils soient assez visibles, divers “dispositifs interactifs”, à moduler en fonction du public attendu : de la simple caméra dirigée vers la salle à tout ce qui est capable d’évoquer un capteur quelconque.
Et surtout on ne filmerait pas les gens en train de sautiller dans tous les sens, armés des dispositifs en question, à guetter la réaction sur l’écran.

Pour le vernissage, on pourrait lancer une rumeur mystérieuse comme quoi on pourrait voir la performance d’un mec qui sue du vert. Et après le champ’ et les petits fours, on commencerait à faire monter la sauce, on demanderait qu’on éteigne les portables “pour ne pas le déranger afin qu’il puisse mieux nous déranger” (oui on oserait vraiment dire un truc pareil). Et les gens seraient installés là autour de l’aquarium, un musicien tendance expé soft rendrait ça moins chiant, plus angoissant, on peut penser à poser un renard empaillé à ses cotés. Le type à poil dans son aquarium sur son fauteuil epoxy-pas-de-triche finirait par avoir vraiment chaud. Et le public aussi. Et rien ne se passerait. Rien.
Et on ne filmerait surtout pas les gens en train de se demander si vraiment on a cru qu’ils seraient assez voyeuristes pour observer un mec presque à poil dans une cage de verre et attendre qu’il se mette à suer du vert, et assez cons pour se dire que c’était de l’art.

Je sais, je suis super pisse-froid, surtout qu’il a vraiment sué du bleu et que certaines choses n’étaient pas si mal. En fait je sais même que si je prenais l’envie et le temps de vraiment m’interesser aux notes d’intention, je trouverais les 2/3 de tout cela tout à fait admirable (à commencer par la performance citée).

Désanchantée.

Je ne sais pas, peut-être d’avoir vu, il y a quelques semaines, dans une école d’art deux Elizas discuter ensemble accrochées au mur. J’adorais Eliza -il y a 20 ans- (mais toutes nos conversations me menaient à la même impasse, quand elle en venait à cette agonisante question : Since when do you believe you are a woman?) D’ailleurs, un écrivain aussi avant-gardiste que David Lodge l’avait utilisée dans Small Worlds (1984).
Ou peut-être de m’être fait doctement expliquer comment le Glitch, oh my god si novateur et bousculant, pouvait me faire du papier peint. En rentrant j’avais eu envie de réécouter Oval. Mais je me suis dit que ça me déprimerait encore plus.

Réflection faite, on peut même se passer de l’écran.

mythe néorural #0

Monday, March 28th, 2011

s90_img_2510_250.JPGoui je sais c’est dégoutant.
Dans Drowning By Numbers de Peter Greenaway, il y a ce jeu que le jeune garçon décrit : il s’agit de compter le nombre d’animaux morts sur les routes en fonction du jour de la semaine, c’est “The Great Death Game”. En m’installant à la campagne, j’imaginais que je pourrais moi aussi m’y adonner, hé bien non, en fait, pas tant que ça. Mais j’ai quand même appris que le renard n’était pas qu’un animal de fable.

Sans Greenaway je n’aurais (peut-être) jamais écouté Nyman ou Mertens, et sans eux, je n’aurais jamais découvert plein d’autres trucs bien. En attendant, je n’ose pas revoir les Greenaway que j’ai tant adulés (favoris de l’ancien temps : Zoo) (de peur de me trouver rétrospectivement insupportable).

Eli, Eli, Lema Sabachthani ?

Sunday, March 20th, 2011

“Mon dieu, mon dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” présenté à Cannes en 2005, à ma connaissance jamais sorti en salles en France.
elieli.jpegUn film japonais avec un titre en hébreu qui parle de la musique expérimentale comme seul remède à la tentation suicidaire ? de quoi réactiver le fantasme du jumeau caché, et le mien s’appellerait Shinji Aoyama.

En 2015, un virus se propage sur la planète, provoquant, sous le nom de syndrome du Lemming, une épidémie de suicides. C’est aux marges de cette apocalypse que deux musiciens, ex stars noise, Mizui et Asuahra mènent leur vie, investissant les lieux fantomes d’un bord de mer abandonné pour y chercher et créer leur matière musicale. Parallèlement, un vieil homme, le “président”, dont l’on devine la faillite personnelle à hauteur de sa réussite sociale, recherche, à l’aide d’un détective à poigne, une solution pour guérir sa petite fille, contaminée. Ils apprennent que les spectateurs des concerts de Mizui et Asuahara ont résisté au virus, il décident alors de les trouver afin de leur demander de jouer pour la jeune femme. (vague explication donnée plus tard : leur musique “nourrirait” le virus et l’endormirait ainsi… la musique expé comme nourriture apaisante du désespoir, voilà qui est bien mignon)

Autant le dire tout de suite, j’adore ce film à moitié raté, peut-être parce que je me reconnais tout à fait dans ses faillites : une constante hésitation à sauter sur la raison cinématographique pour tenter des intuitions pas toujours heureuses, ce qui dans les mauvaises pioches donne une narration un peu inégale, quelques lourdeurs de script (par exemple l’expiation de Mizui par la mise en parallèle de sa copine morte et de la jeune fille qu’il va sauver), ou encore des effets visuels dignes du Pink Floyd à Pompéï (mais tous les effets ne sont pas ratés, loin de là !). Neanmoins, c’est aussi la voie pour la justesse magnifique de la majeure partie du film, je ne veux pas parler de grâce ici, mais de justesse simultanée de l’image, du son, des personnages, les longues séances de création des deux musiciens en font heureusement partie. Voilà pour moi toute la justification de la matière cinéma, créer ce réel qui n’a d’autre qualification que sa propre (in)existence et l’inscrire dans une certaine durée.
Il reste aussi quelques scènes presqu’impardonnables d’esthétisation inutile, mais c’est peut-être un bout de japonitude que je ne capte pas, quoiqu’à ce compte, Eureka (même réalistateur, 2000) adoptait, lui, une balance d’une neutralité plus aride, ce qui en faisait une authentique réussite.
Musicalement, je ne sais pas qui créditer, mon dvd (♥) est un import et le générique n’est pas sous-titré. J’ai lu quelque part qu’Aoyama avait auparavant collaboré avec Jim O’Rourke, ce qui est une influence tout à fait cohérente.

Ai-je mentionné le fait que Tadanobu Asano (Mizui), est l’homme le plus beau de la galaxie et l’acteur le plus cool de l’univers ? De l’incroyable Hakuchi (1999, Makoto Tezuka) au parfaitement charmant Taste of Tea en passant par le jouissif Zatoïchi (celui de Kitano), il a joué dans quelques uns des films japonais importants pour moi cette dernière dizaine d’années.

Japan is in our hearts.

(é)perdue dans la Manche

Saturday, March 12th, 2011

Là : cb in la mancha, j’ai mis d’une part des photos datant de 2001, d’un bout de dunes Cotentines qui servait de lieu d’étude des matériaux pour EDF. On peut aussi voir des residus de tests d’éoliennes qui avaient pris place au cours des années 70. Ça m’a bien confortée, pendant les 4 années où nous avons habité là-bas, subissant la même exposition aux forces de la nature, de savoir que l’endroit pouvait être officiellement considéré aussi stimulant.
Il ne reste plus que le batiment abritant le transformateur électrique, que je connais donc depuis toute petite, (proche de ma destination de promenade favorite : quelques blockhaus pas tout à fait ensablés), et dont l’architecture très 70’s m’a toujours fascinée. Je m’y serais bien vue établir avec une poignée de nerds sauvages un centre de recherche scientifique prêt à révolutionner la planète, avec pour unique mesure, la mer en furie. C’est de ce transformateur que le courant s’apprêterait à transiter vers Jersey via le “cable énergie”, signalé avec superbe par mon panneau jaune favori (en 2001, et maintenant).
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J’ai d’autre part mis quelques photos d’installations de la sphère publique, qui me font un très étrange effet, des batiments à l’apparence hyper fonctionnelle, vides de toute présence humaine et très isolés en campagne. De quoi peut-être alimenter un délire paranoïaque, celui qui irait de pair avec cette théorie conspirationniste comme quoi en cas d’accident nucléaire, la presqu’île du Cotentin serait très aisément séparable du reste de la France. Vague écho au cauchemar japonais.

(oui ça fait un flickr de plus pour moi…. le prochain c’est un compte myspace, non j’déconne)